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Monsieur le Président,

Le pouvoir d’achat des fonctionnaires a considérablement diminué depuis 20 ans. Les dernières revalorisations du point d’indice ne permettent pas de compenser l’érosion liée à une inflation galopante, qui dépassait 7 % en début d’année 2023.

L’absence de revalorisation structurelle de nos rémunérations pèse d’autant plus injustement sur notre pouvoir d’achat que le prix des biens de première nécessité s’envole et que cette situation profite aux grands distributeurs, dont les marges ont considérablement augmenté cette année.

La volonté affichée par M. Guérini d’introduire un intéressement financier et une rémunération au mérite, au moyen d’une future loi sur la fonction publique, ne manquent pas d’interroger sur l’évaluation de l’investissement des agents de la DGFIP.
Ce dispositif repose sur une appréciation subjective du chef de service, qui pourrait préférer le rendement à la qualité et font peser des soupçons de favoritisme. De plus, ce dispositif conduirait à réduire la rémunération des agents qui sont fragilisés par leur état de santé, qui sont confrontés à des problèmes familiaux, ou encore qui sont contraints de muter et de changer de métier.
La remise en cause de la neutralité de notre rémunération serait source d’iniquité, de frustration et de démotivation.

Par ailleurs, la recrudescence des agressions physiques et/ou verbales, ainsi que les nombreux actes de vandalisme ayant touché les sites de la DGFIP cette année ont plongé les agents dans une profonde détresse.
A ces circonstances extérieures viennent s’ajouter des gestions internes catastrophiques, qui résultent des suppressions d’emplois et restructurations diverses, mais aussi de la mise en place d’outils non aboutis tels que GMBI. Les grandes évolutions de la DGFIP tournées vers une administration digitalisée aggravent la fracture numérique et éloignent les usagers des services de proximité.
Les outils de recensement des risques psychosociaux dressent un bilan alarmant et soulignent l’urgence à mettre en place de véritables mesures de prévention ainsi qu’une politique d’accompagnement et de soutien aux agents qui accomplissent leurs missions dans un climat délétère.

Solidaires Finances Publiques déplore toujours l’absence d’un règlement intérieur, dont l’adoption a été reportée au 16 octobre prochain, soit trois ans après les décrets instituant les Comités Sociaux d'Administration, et quatre ans après la loi de transformation de la fonction publique.
Il est plus que jamais nécessaire de renforcer le dialogue social et d’associer les instances représentatives du personnel à la mise en œuvre de la démarche de prévention qui s’impose à l’employeur.

Enfin, nous ne pouvons conclure cette déclaration liminaire sans faire un focus particulier sur les liens entre management et santé au travail. Certaines méthodes de management peuvent être pathogènes, notamment l’attitude consistant à s’approprier les succès et à rejeter la faute des échecs sur son équipe, à ne pas laisser de place aux agents pour s’exprimer, et à leur hurler dessus à longueur de journée.
A l’heure où le management par les chiffres envahit la fonction publique, il est crucial de s’interroger sur le contenu et la finalité de nos activités professionnelles. Il convient également de rappeler qu’un management par la peur et par le stress constitue un manquement à l’obligation de prévention des risques professionnels (art. L.4121-1 du code du travail).

Je vous remercie de votre attention.