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Déclaration liminaire au CHSCT du 03/10/2019
Monsieur le Président,
Le CHSCT se tient aujourd'hui mais nous tenons à dénoncer par cette déclaration

 

liminaire les risques auxquels font face les agents du ministère des finances.
Les récents mouvements d'ampleur aux Douanes et à la DGFIP ont démontré les
désaccords qui existent entre les volontés gouvernementales et les agents de nos
administrations financières.
Solidaires Finances s'est fermement opposé aux projets de la géographie revisitée de la
DGFIP et de la DDFIP des Yvelines. Solidaires Finances dénonce les attaques sur les
missions des Douanes qui perdent toute la fiscalité relative aux marchandises. Pour les
agents et contrairement à ce qu'on veut leur faire croire, il s'agit bien de leur coeur de
missions. Alors que dans le transfert de celles-ci à la DGFIP, on s'aperçoit que seul le
recouvrement est pris en compte tandis que le contrôle est occulté.
Les restructurations proposées s'appuient sur la prévalence d’une conception financière
du travail qui remise très loin dans les coulisses, les activités quotidiennes des
salariés et contribue à un accroissement de la déréalisation des prescriptions. Elle
puise dans un imaginaire qui combine individualisation du gouvernement de soi,
culte de l’excellence et eugénisme.
Les agents sont « responsabilisés », il s’agit de les autonomiser afin qu’ils prennent
les bonnes décisions aujourd’hui pour s’assurer de leur futur, pour prévoir les
empêchements et dommages de demain. Ainsi, les politiques assènent aux
fonctionnaires leur coût, la dette publique, leur soi-disant lourdeur, le besoin
impérieux de revoir leurs process de travail.
La contrepartie de cela c'est l’attribution causale des échecs à des vulnérabilités
entendues comme déficits individuels. C'est également le corollaire d’un mouvement
d’ensemble de report sur l’individu de la tâche de se construire et de se gérer comme
sujet autonome, c’est-à-dire autosuffisant.
Le modèle taylorien au service du contrôle des comportements par l’imposition de
procédés de travail standardisés s’alimente à l’utopie prescriptive qui met en scène
une version de la réalité conforme à ce qu’en décide l’ordre ou la consigne. Il est
relayé par l’idéologie de l’excellence qui sollicite des identifications héroïques au
service de l’affrontement aux défis et aux challenges présentés comme au service
des intérêts indissociables du « développement personnel », la rémunération au
mérite par exemple, et de la nécessité d'adaptation de la fonction publique qui
devient l'action publique.
L’imaginaire est au centre de la formation des idéologies qui tendent à voiler la
réalité, à occulter le réel.Ceux à qui il est continûment rappelé « il faut vous adapter
au monde réel », ces salariés supposés accrochés à une histoire dépassée, hasbeen
sommés de sortir de leur « zone de confort », sont les cibles de ceux qui s’arcboutent
à la méconnaissance du travail.
Déposséder les sachants de leur travail pour le reporter sur des agents pour qui il
sera entièrement nouveau, c'est organiser l'amnésie et standardiser le travail.
Aujourd’hui, alors qu’ici et là des suicides ou tentatives de suicides se multiplient
dans la fonction publique, vous ne pouvez pas refuser de reconnaître les effets
délétères de l'organisation du travail proposée.
L’euphémisation des liens entre travail et santé tient aux enjeux économiques et
sociaux de leur reconnaissance. La réticence des responsables patronaux est
globalement une caractéristique constante dans l’histoire de l’émergence des risques
professionnels, de la silicose au cancer de l’amiante, comme dans l’histoire des
mécanismes de reconnaissance et de réparation des accidents et des maladies du
travail.
Il n’est pas question de laisser dans l’ombre la part de réalité susceptible de
provoquer anxiété, culpabilité, voire honte et autres affects déplaisants. Autrement
dit, celle qui pourrait mettre à mal le mirage d’une maîtrise de la mission
Ainsi, le travail ne répond pas à une conception du monde, il est fait par ceux qui
l'exécutent, le leur retirer, ne pas leur laisser l'exécuter en conscience, c'est les
mettre en danger.
Aussi, aujourd’hui Solidaires Finances dénonce les modes de management et
restructurations en cours, qui s’inscrivent à grande échelle dans la destruction
massive prévue par le gouvernement pour la fonction publique et mettent en danger
les agents.