A quand un séminaire des contrôleurs au château de Fontainebleau ?
Le jeudi 17 octobre, beaucoup d’agents de la DIRCOFI IDF ont constaté qu’il n’y avait pas un seul employé supérieur dans nos murs. Epidémie sélective due au surmenage statistique de fin d’année ? Non, par le biais de quelques informés, ils ont appris que se tenait à Saint-Germain en Laye un séminaire des cadres.
De tristes souvenirs sont alors remontés à la surface. En 2008, la directrice de la DIRCOFI IDF Ouest avait décidé de cultiver l’entre-soi et de flatter l’égo de ses subordonnés immédiats. La quarantaine de chefs de service avait été invitée en grande pompe au château de Chantilly (ville dont le maire, pur fruit du hasard, était le ministre du budget en fonction, Eric Woerth). Au programme de la journée de ces heureux élus, transportés en bus affrété à cette occasion : visite privée du château, petits fours, repas fin et champagne, le tout agrémenté d’un discours sur la façon de faire avaler des couleuvres aux simples agents.
Coût de cette opération : 6.000 €, 150 € par tête ! Mais quand on aime, on ne compte pas, surtout quand la note est payée par le Trésor Public.
Pour ne pas être en reste, la directrice de la DIRCOFI IDF Est lança la même invitation un peu plus tard.
Après l’indignation que ces initiatives avaient suscitée, on croyait ces temps révolus. Mais les mauvaises idées, comme les mauvaises herbes, ont la vie dure.
Certes cette fois-ci, les conditions de l’évènement furent plus modestes. Chacun devait se rendre par ses propres moyens sur les lieux de la réunion (des locaux de la mairie). On aborda le matin, sérieusement, divers sujets (contrôles coordonnés, transversalité, etc.).
Mais ensuite, buffet amélioré arrosé de vins, et visite du château de Saint-Germain en Laye, avec le privilège d’y découvrir ses toits.
Si on n’a pas retrouvé le caractère totalement somptuaire de Chantilly, ce séminaire dédié a suscité, chez beaucoup d’agents, surprise et profonde irritation.
Après, il y a quelques jours, les propos méprisants du chef de l’état à notre égard, quelle image cela renvoie-t-il ?
En notre sein même, on continue de distinguer une noblesse et un tiers état. Ou pour le dire autrement, si l’on considère que nous sommes tous sur la même galère de la DIRCOFI IDF, tandis que certains rament dans les cales, d’autres, sur le pont et un verre à la main, devisent sur les insuffisances de la cadence (ou du cadencement en l’espèce). En matière de cohésion, il y a mieux !
A l’occasion du comité technique consacré au budget, permettant d’examiner les comptes de l’année écoulée, qui interviendra au printemps 2019, Solidaires Finances publiques demandera communication des factures de ce séminaire.
Et nous suggérons très vivement à la direction de proposer une opération, à destination de l’ensemble des agents cette fois, avec un budget équivalent (par tête bien sûr, pour éviter un « émiettement » d’un coût pour 80 personnes sur 700, et un repas réduit à une tranche de saucisson et une clémentine).
Précisons, pour éviter toute interprétation erronée, que notre critique ne vise pas les employés supérieurs participants, qui n’étaient pas demandeurs et ne pouvaient se soustraire à cette réunion, mais ceux qui ont décidé de sa tenue et en ont fixé les modalités.
Last, but non least. Quelqu’un avait-il songé à la sécurité des simples agents restés à la DIRCOFI ?
En effet, ce sont les cadres qui sont désignés comme serre-files en cas d’alerte, et qui sont chargés de recenser les membres de leur équipe, une fois sortis, pour permettre aux pompiers d’identifier les personnes qui pourraient être restées à l’intérieur des locaux ?
Que se serait-il passé en cas d’accident, alors que la totalité des employés supérieurs était absente ?
Alors de deux choses l’une. Soit personne n’y a pensé, soit il a été considéré qu’entre une possible banane flambée à Saint-Germain en Laye, et un possible incendie à Saint-Denis, il y avait une priorité. Dans les deux cas...