Finances publiques : les agents broient du noir

Jean-Marc JANKOWSKI

DNA 19/7/2019

Les agents des Finances publiques de Haguenau et de Bischwiller ont réservé un comité d’accueil pas comme les autres à leur direction.  Photo DNA /Jean-Marc JANKOWSKI

Le projet de restructuration des Finances publiques mobilise contre lui. Ce jeudi, convoqués par leur direction pour une réunion de présentation de la réforme, les agents de Haguenau et de Bischwiller sont venus vêtus de noir pour exprimer leur désapprobation.

La direction des Finances publiques avait convoqué les agents du centre des impôts de Haguenau et des trésoreries de Haguenau et Bischwiller à une réunion à partir de 14 h ce jeudi dans la salle Millénium du centre socioculturel Robert-Schumann de Haguenau. Il s’agissait de leur présenter le projet de restructuration de leurs services dans le Bas-Rhin. Une réforme qui n’est guère en odeur de sainteté si l’on en juge par le comité d’accueil réservé à leur direction par quelque 80 agents.

Tous avaient adopté le même dress code, une tenue noire, pour montrer leur désapprobation. Les uns et les autres brandissaient des émoticônes dessinées sur des assiettes en cartons signifiant leur déception et leur colère et des messages brefs mais percutants imprimés sur des feuilles de papier.

Au terme de 2 heures de réunion, un participant s’est levé dans la salle pour demander si les gens présents avaient été convaincus par les arguments de leur hiérarchie. Personne n’a levé la main…

• Des drapeaux à tête de mort

Des représentants de l’intersyndicale (Solidaires, FO, CGT, CFDT, CFTC) bas-rhinoise des Finances publiques, vent debout contre le projet, étaient venus sur place pour appuyer le message des locaux avec des drapeaux noirs à tête de mort.

Les personnels sont opposés à cette restructuration qui, selon eux, pénaliserait fortement les usagers. « On nous vend le projet comme une façon de rapprocher les services publics des gens sur le territoire mais c’est le contraire qui va advenir. C’est un abandon qui est programmé », pronostique l’intersyndicale avant de poursuivre : « On va fermer des trésoreries et les remplacer par de simples points d’accueil où on aidera les gens à se créer un compte sur Internet et qui serviront à prendre des rendez-vous. Il n’y aura pas de réponse fiscale sur place pour les questions des usagers. »

Autre conséquence de la réorganisation prévue : la spécialisation de certains sites, comme à Wissembourg qui traitera les dossiers des transfrontaliers, obligera les gens à se déplacer. Les agents des Finances publiques estiment aussi que leurs conditions de travail s’en trouveront dégradées. « Cela conduira à une mobilité forcée des agents sur le département » soulignent les représentants syndicaux, très remontés.

• D’autres actions à venir

La direction a pourtant indiqué que le projet était amendable. « Cela se fera de toute façon à la marge, tout cela c’est de l’enfumage » résume l’un d’entre eux. L’intersyndicale demande son retrait pur et simple. « Nous ne refusons pas l’évolution mais il faut repartir sur de nouvelles bases, dans le cadre d’une véritable négociation » dit-elle.

Dans le combat qu’il mène, le personnel des Finances publiques a reçu le soutien de plusieurs collectivités locales, communes et intercommunalités, qui ont voté des motions pour exprimer leurs inquiétudes quant à cette réforme. Il promet d’autres actions, avant la fin du mois de juillet à Strasbourg ou à la rentrée avec en ligne de mire la participation à une journée nationale de grève programmée le 16 septembre.