Bonjour à toutes et tous,

Suite à l'ordonnance Fonction Publique sur les congés pendant le confinement, un adhérent nous a fait parvenir sa réaction, sous forme d'une lettre qu'il s'adresse à Monsieur FOURNEL, notre directeur général.

Ce courrier, reflète bien le sentiment majoritaire des collègues qui nous ont contacté et nous avons donc le plaisir de vous le faire partager.

 

Monsieur le directeur,

A l'appel du président du MEDEF qui exhortait les entreprises à envisager de travailler plus, l'exécutif a décidé de lui emboîter le pas en prenant des mesures particulièrement iniques à l'égard des fonctionnaires. Vous avez décidé d'être plus royaliste que le Roi en incitant vos directeurs à traduire ces mesures "d'exceptions sanitaires" par les interprétations suivantes :

* après avoir publié sur la FAQ Ulysse que les ASA ne seraient pas considérées comme des congés normaux pour la génération d'ARTT, vous l'avez retiré quelques jours plus tard sans faire état de mise à jour/recul de votre part en considérant le contraire. Cette position est anormale, car contrairement aux autres congés, cette ASA n'est en aucun cas sollicitée par l'agent, mais imposée par vous-même (cela s'appelle les "pleins pouvoirs" sans aucune limite) . La conséquence est que chaque agent se voit retirer 1 jour de RTT par mois en ASA.

* au nom d'une égalité avec le privé vous décidez de retirer en plus 5 jours de RTT pour la période du 16/03 au 16/04, et 5 autres jours de congés/RTT pour la période du 17/04 à la fin du confinement pour les agents en ASA avec des modalités discriminatoires entre ceux qui ont encore des RTT et ceux qui n'en ont plus (vous n'en êtes pas à une discrimination près, notamment concernant les ASA personnes fragiles en ALD). Petit rappel, dans le privé cette initiative correspond à une vraie prise de congé (même si rester confiné chez soi ne constitue en rien des vacances reposantes) et toujours avec un préavis d'un jour franc, et vous avez bien expliqué à propos de la suppression du jour de carence décidée le 23 que la loi ne pouvait être rétro-active (i.e. au 16/03 pour les personnes concernées). Oserez-vous inventer la notion de préavis rétroactif ? Oserez-vous inventer le concept de vacances télé-travaillées ? conséquence pour les agents à plein temps en ASA forcée sur 2 mois 10 + 2 = 12 jours de volés.

* Afin de pouvoir faire face à la crise, vous avez décidé de porter le nombre de télétravailleurs de 8 000 à 24 000 agents par la dotation d'un PC portable. Dans le même temps, vous avez ourdi dans un élan que nous ne qualifierons pas, car il est inqualifiable, hors-concours, de considérer que ces télétravailleurs doivent être considérés comme les ASA, donc non-travailleurs, et doivent se voir délestés de jours de congés également au titre de la période du 17/04 à la fin du confinement... Dans le même ordre d'idée très perverse, pour ceux qui n'auraient pas eu la "chance" d'être équipés d'un portable et de travailler confinés toute la semaine, vous estimez que ceux qui assurent un roulement en présentiel, doivent être proratisés en ASA pour pouvoir leur ponctionner également les fameux congés ...

* Les modalités d'attribution de la prime devant suivre, selon vous, la même logique abjecte de considération de travail effectif, en présentiel et continu, à l'appréciation des chefs de service, ne devront concerner au final que quelques rares agents qui auraient été à 100 % en présentiel au mépris des nécessités sanitaires et de justice sociale, ainsi que ces mêmes chefs de service pour leur écoute bienveillante de vos audioconférences locales (bien qu'ils ne soient pas tous eux-mêmes présents physiquement au service). En termes de gestion des finances publiques, le faible nombre de primes, son montant et sa proratisation devraient être plus que largement financés par les jours de congés volés aux 100 000 agents qui composent notre administration ...

Vous avez écrit sur Ulysse récemment que le maître mot était l'adaptation... notre ministre doit être très satisfait du zèle dont vous faites preuve sur notre dos. Pour notre part, nous sommes profondément indignés, et laissez-nous vous expliquer pourquoi :

* Avant toute chose, il faut vous rappeler, et c'est une des rares choses positives présentes dans nos enquêtes d'opinion internes ; nous sommes fiers de notre travail et de nos missions, que ce soit au service des entreprises, des particuliers, des collectivités, des retraités, des notaires, des collègues, bref ... nous avons à cœur de servir notre (nos) public, quand vous démontrez que vous avez à cœur de détruire l'unité nationale réclamée par le Président lui-même, en opposant le public au privé, en opposant les agent(e)s entre-eux, démontrant comme l'avait prédit M Macron, que si cette période révèle le meilleur de nous, elle peut aussi en révéler le pire (on en attendait cependant pas autant).

* En second lieu, nous devons vous exprimer que pas un seul de nos services n'est épargné par la crise que nous traversons et que ce soit par le biais de Plan de Continuité de l'Action pour les actions urgentes, ou bien par le biais d'un rattrapage inévitable pour les autres missions à la fin du confinement, nous sommes tous sur le front au service d'une économie qu'il faudra collectivement redresser, et notre engagement est, et continuera d'être à cet égard total. Quand il faudra panser les plaies, ne doutez pas un seul instant qu'à l'instar des personnels hospitaliers actuellement, nous continuerons à mettre tout notre cœur et toute notre énergie pour œuvrer efficacement au redressement de notre pays.

* Dernier point, nous répondons avec une conscience et un professionnalisme sans faille aux urgences, et les collègues hors PCA sont mis à contribution pour participer au "sauvetage" de l'économie. Même si vous essayez de nous diviser, nous sommes un collectif, nous sommes fiers d'appartenir à ce collectif, et nous ne vous laisserons pas détruire les valeurs de solidarité qui sont les nôtres et dont notre pays à tant besoin dans la crise majeure qu'il traverse. C'est pourquoi nous vous disons très haut et très fort :

- que nous refusons toute ponction, de quelque nature que ce soit, de nos jours de congés (que certains auront de toute façon du mal à prendre), mais au contraire une possibilité de report élargie pour l'an prochain, sans que ce soit une obligation ;

- que nous exigeons que la prime soit versée à tous les agents, et que son montant soit le même pour tout le monde car notre engagement ne peut se mesurer que sur la seule période du confinement, vous aurez l'occasion de le vérifier nous l'espérons tous après le 11 mai ;

- qu'au lieu de sanctionner et de stigmatiser les agents de notre administration et ses représentants, vous vous engagiez sans délai à rouvrir les conditions d'un véritable dialogue social avec comme chantier prioritaire, une revalorisation de nos missions, tant d'un point de vue statutaire qu'en termes de rémunération.

La circulaire ne faisait état que d'une "possibilité" de ponction de congé à étudier "avec souplesse" administration par administration. Quand on voit que vous avez parlé "d'application mesurée", on ne peut qu'être étonné par la démesure qu'elle traduit par ses premiers éléments de déclinaisons locales. Notre colère a rarement été si forte, et nous attendons urgemment des réponses à la hauteur de celle-ci … avant de pouvoir exercer un peu plus sereinement notre mission au service de l'économie et des finances publiques, qui seront très fortement sinistrées et pour laquelle nous avons besoin de votre soutien, pas de votre trahison.

 

Vos agents profondément choqués, mais toujours dévoués à leur administration et à leurs missions ...