Déclaration liminaire du 29 septembre 2025

 

 Madame la Directrice,

 

 Depuis le début de l’année, la DGFIP traverse une situation d’une gravité inédite ; on dénombre 16 suicides et presque autant de tentatives.

Ces événements n’arrivent pas sans raison ; ils ne sont pas tous en lien avec le travail mais certains le sont.

La souffrance au travail est indéniablement un facteur aggravant de cette situation. Même si Amélie Verdier promet pour 2025-2027 un plan de lutte contre les suicides, ce plan sera bien vain faute de moyens.

 Et pourtant ce n’est pas faute d’alerter afin que les indicateurs (Tableau de Veille Sociale, Rapport de l’Observatoire Interne, DUERP, PAP..) soient pris en compte, ces mêmes indicateurs qui ont viré au rouge depuis longtemps.

 Et non, ce n’est pas une crise passagère mais bien le résultat d’un modèle où la qualité du travail et les agents ont été sacrifiés au bénéfice d’objectifs chiffrés, d’intensification des charges, des suppressions d’emplois, des fusions, des restructurations, des fermetures de sites, des déploiements d’applications inopérants (GMBI, SURF, OCAPI…).

 La prévention des conditions de travail n’est pas ou si peu prise en compte qu’on ne peut que le déplorer...

 Nous ne pouvons pas non débuter cette instance sans évoquer l’actualité . A l’international, les tensions géopolitiques, les politiques économiques imprévisibles et le climat d’instabilité généralisée affectent lourdement l’économie mondiale. Sur le plan national, les choix politiques en matière de dépenses publiques aggravent encore plus la situation.

L’austérité reste la ligne directrice. Et ce sont encore les personnels salariés qui vont payer la facture au prix fort dans leur travail comme dans leur vie personnelle.

 Le discours des Gouvernements successifs est le même depuis plus de 20 ans : « nous vivons au-dessus de nos moyens et des efforts sont nécessaires pour réduire la dette » (enfin quand je dis nous, cela n’englobe évidemment pas nous tous... ).

 Et comment qualifier un régime politique qui a connu 5 premiers ministres depuis 2022 (dont 4 en un an et demi)  et dont le dernier est un proche d’Emmanuel Macron.

Ce qui nous donne peu de visibilité et d’espoir de changement.

 Cet été, des annonces ont été faites pour l’élaboration du budget 2026 : gel des prestations sociales, gel des salaires des fonctionnaires et des contractuels, suppression de 2 jours fériés, diminution des salaires en cas d’arrêt maladie et 3 jours de carence pour les fonctionnaires, remise en cause de la 5ème semaine de congés payés pour les salariés du privé, attaque de l’assurance chômage, doublement des franchises médicales et j’en passe… Des mesures autant brutales qu’injustes !

 

Les 10 et 18 septembre dernier, les salariés de tout milieu professionnel ou non, ont répondu massivement aux journées de grève et de manifestations.

Par leur ampleur, les fonctionnaires, les salariés, les jeunes, les retraités, les chômeurs ont montré qu’ils n’acceptent plus d’être sacrifiés au nom de l’austérité.

 

Après ces mouvements et l’arrivée de Mr Lecornu, le maintien des 2 jours fériés et la fin des privilèges des anciens Premiers ministres ont été annoncés mais ne suffiront pas à calmer la colère sociale.

D’autres annonces seront-elles faites ? NONNON

Le Gouvernement aura-t-il entendu la colère sociale ? NON

 

L’été 2025 aura une nouvelle fois été marqué par l’explosion des températures, des inondations, des incendies et des sécheresses partout dans le monde. Le chaos climatique n’est donc pas une réalité lointaine ! Les risques aujourd’hui prévisibles sont des risques qui peuvent et qui doivent être anticipés maintenant .

 

Face aux chaleurs accablantes, le gouvernement nous a vendu de la poudre aux yeux.

Le décret « chaleur » applicable depuis le 1er juillet dernier en est un exemple criant.

Le texte se contente de rappeler les principes du droit du travail mais reste muet sur les réglementations et sur les mesures à mettre en place.

Étonnant pour un décret « chaleur » ! Aucun seuil de température n’est défini

Les directions locales ont donc les mains libres pour apprécier ou non, si la chaleur est accablante ou non, et pourront estimer si il y a risque pour ses salariés...

 

Comment ne pas s’inquiéter de la future réforme de la gestion prévisionnelle des emplois et des effectifs et des compétences »  que l’on nomme GPEEC qui va remplacer le TAGERFIP ?

Celui-ci, bien qu’imparfait, nous donne une vision claire sur les emplois par grade, par service mais aussi sur les vacances d’emplois.

Appuyer sur la touche « reset » pour faire disparaitre la ligne « vacances d’emplois » ne résoudra rien et nous pouvons hélas craindre que les conditions de travail se dégradent encore un peu plus et que la souffrance des agents va encore augmenter. N’est-ce pas plutôt une façon de dégager des marges budgétaires en réduisant les recrutements et in fine la masse salariale.

 

Dans sa frénésie à restructurer partout et tout le temps, la DGFIP s’attaque à nouveau aux services et réorganise.

Les lignes directrices de ces nouveaux schémas d’organisation sont une nouvelle fois la preuve que l’on ne cesse d’organiser les missions au gré des suppressions d’emplois et des commandes politiques.

 

La réorganisation du PCE dont l’avenir paraît incertain depuis mai dernier, prévoit des transferts d’effectifs. Les avez-vous quantifiés ? A destination de quels services ?


Les SIE seront impactés par cette réorganisation. Eux qui ont vu leurs missions se transformer ces dernières années, qui ont subi les restructurations, les suppressions de postes, absorbé des missions des douanes, subi la dématérialisation à outrance et aujourd’hui, vont voir revenir la mission d’expertise. Comment vont-ils pouvoir absorber des missions supplémentaires même avec des transferts d’emplois ?

 

La DGFIP mène aussi une réflexion sur les moyens de paiement : le paiement par chèque serait purement supprimé. Dans le même temps, la fermeture des services CEA-CER est annoncée à l’été. Que vont devenir ces agents aux missions bien spécifiques ? Toutes ces réorganisations, réflexions, restructurations (peu importe le nom que l’on peut donner) ne sont-elles pas étrangement combinées avec la réforme sur les moyens de paiement ? L’arrivée de la facturation électronique va révolutionner les missions. Tout laisse à penser que ce ne sont encore les agents qui vont subir ces changements. Question d’habitude !

 

Les coûts exorbitants de toutes ces réformes sont indécents surtout dans de contexte de restriction budgétaire.

 

Solidaires Finances Publiques 35 ne peut que regretter que la DGFIP ne pense jamais à consacrer quelques millions d’euros à des moyens en personnel et à des augmentations de salaires plutôt qu’à des réformes coûteuses et qui sont loin d’améliorer les conditions de travail des agents.

 

Encore une fois, ces lignes organisationnelles sont la promesse d’une nouvelle valse des missions et des agents.

 

Pour conclure, tout projet de transformation, parce qu’il entraîne des effets majeurs sur le travail, ne peut se passer de l’expérience de ceux qui le font.