Salut Bernard


Il est des personnes que nous n’imaginons pas laisser partir seuls sans pouvoir leur donner la main, sans les accompagner sur leur dernier chemin terrestre. Et voilà qu’au moment où un sale virus isole chacun de nous et nous confine dans nos demeures, Bernard nous quitte, trop discrètement et dans la solitude, juste accompagné par celle qu’il aimait plus que tout et avec qui il a traversé de bien tristes épreuves et partagé un amour incommensurable.
Et nous sommes là à ne pas comprendre le départ de Bernard, une force de la nature quoique bien affaibli ces derniers temps, une force de l’amour, de l’amitié et de la solidarité.
Il était un pilier de Solidaires Finances Publiques mais avant tout du SNUI à ses grandes heures. Fidèle à son esprit de scout « toujours prêt », aux racines de l’engagement syndical puisé auprès de son papa, respectueux des valeurs d’égalité et de justice, il a œuvré sans relâche pour le bien-être et la défense individuelle et collective des agents.
Son engagement au sein du SNUI pendant de nombreuses années, en tant que membre du bureau puis secrétaire de section du Bas-Rhin, ainsi qu’au sein des organismes paritaires (CTPL à l’époque, CAPL du temps où il était à la DIRCOFI…) était motivé par le mot d’ordre du SNUI, que l’on retrouvait partout sur les affiches et la fameuse  banderole brandie pendant les manifestations, « Justice fiscale, justice sociale », et son envie de trouver des solutions aux problèmes des agents dans un respect mutuel vis-à-vis de l’Administration.
Avec quelques acolytes, ses délires verbaux lui ont permis de régler quelques comptes avec certains directeurs ou chefs de service dans le Stir’Onkel. Il aimait les mots mais aussi la langue alsacienne que nous retrouvions de temps en temps dans le journal local du SNUI. Les « anciens » se souviendront  longtemps de certains articles critiques, parfois hilarants comme les fameuses brèves qui permettaient de faire le tour de l’actualité des différents sites du Bas-Rhin en dénonçant le comportement de tel ou tel chef. Il n’hésitait pas à décrire des situations ubuesques où nos directeurs ne pouvaient que se reconnaitre tant il mettait le point sur le « i » de l’injustice régnante. Truculent, mais toujours dans l’intérêt des agents et le respect de l’autre.
C’était aussi une époque où nos supérieurs savaient nous écouter et où le dialogue semblait possible et constructif.
La vie n’est pas toujours simple et Bernard en savait quelque chose. Dès sa jeunesse, il a connu la maladie qu’il a su vaincre avec l’aide de Cathy, son épouse. Le départ prématuré de leur plus jeune fils Lucas a été un autre coup dur qu’ils ont encaissé en même temps que de nouveaux ennuis de santé pour Bernard. Avec le soutien infatigable de Cathy, ils ont su traverser ces épreuves avec courage.
Malgré cela, et même ces derniers temps lorsque l’échange oral était difficile, voire impossible, Bernard demandait toujours des nouvelles de ses amis ou de nos familles. Il se faisait du soucis pour les plus malchanceux, les plus malheureux, les plus faibles. Il me semble encore sentir sa douce et longue main sur la mienne et l’entendre répondre « c’est bien » aux nouvelles qu’on lui donnait.
Bernard, c’était aussi la fidélité, la constance dans ses relations aux autres. Il a été pour nombre d’entre nous plus qu’un collègue : un ami d’enfance, de jeunesse ou d’engagement syndical, guidé par la foi qui était sienne et par la lutte pour un monde meilleur.
Comment ne pas oublier que Bernard était aussi un bon vivant aimant manger (un peu plus que ne l’aurait souhaité son épouse) et boire une bonne bière. Il nous manquera terriblement quand nous nous retrouverons lors de nos sorties au restaurant, au théâtre, aux concerts ou lors de nos virées dans le Haut-Doubs, région qui lui était si chère de par ses ascendances paternelles. Nous y célébrions la vie tout simplement. Ses délires verbaux faits de citations de son cru, souvent en alsacien, résonneront longtemps à nos oreilles et nous les reprendrons avec une tendresse bien particulière.
Bernard, tu sais que nous prendrons soin de celle qui t’aime tant, qui t’a soigné et soutenu tout au long de votre vie.
Cathy nous te remercions pour tout le dévouement et tout l’amour que tu lui as donné sans relâche. Il en était conscient et ne savait comment te protéger.
A Cathy, à Thomas son fils, à toute sa famille, nous disons merci de l’avoir partagé avec nous.
Merci Bernard d’avoir été. Tu retrouves à présent tous ceux qui t’ont précédé et que tu aimais tant, ta famille et tous tes copains avec qui tu aimais tant faire la fête.