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Austérité ? Des milliards il y en a ! Chez Oxfam aussi on sait ça !

 

Dans son rapport 2024, Oxfam aborde la situation spécifique de la France, en soulignant les inégalités économiques et sociales croissantes dans le pays, en lien avec les dynamiques globales. Voici un focus sur les principaux aspects liés à la France :

 

 1. Concentration des richesses

 En France, comme dans le reste du monde, la concentration des richesses chez une élite très restreinte continue de s’accentuer. Le rapport d’Oxfam 2024 révèle que les milliardaires français, comme Bernard Arnault et la famille Bettencourt, ont vu leur fortune augmenter de manière spectaculaire ces dernières années, en particulier pendant la pandémie de COVID-19 et les crises économiques qui ont suivi.

 • Les milliardaires français ont vu leur richesse augmenter à un rythme plus rapide que celui du reste de la population. En France, les dix personnes les plus riches possèdent autant que les 40 % les plus pauvres du pays, ce qui illustre l’ampleur des disparités.

 2. Systèmes fiscaux inégalitaires

 Oxfam critique le système fiscal français, qu’elle juge insuffisamment progressif, malgré une imposition relativement élevée par rapport à d’autres pays européens. Plusieurs réformes récentes ont contribué à favoriser les plus riches, comme la transformation de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune) en IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière), qui exclut les actifs financiers.

 • La flat tax (prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus du capital) est aussi mise en cause, car elle profite principalement aux plus riches. Selon Oxfam, cette mesure a renforcé l’accumulation de richesse au sommet sans redistribuer efficacement.

 Oxfam plaide pour un retour à une fiscalité plus progressive, incluant une réforme de l’impôt sur les grandes fortunes et un meilleur contrôle de l’évasion fiscale.

 3. Précarisation des classes moyennes et populaires

 Le rapport met en évidence la précarisation croissante des classes moyennes et populaires en France. Alors que les plus riches continuent de s’enrichir, une grande partie de la population française fait face à une baisse du pouvoir d’achat, en particulier en raison de l’inflation, des coûts de l’énergie et de l’augmentation des prix des biens de consommation.

 • Crise de l’inflation : Les ménages à revenus modestes sont les plus touchés par l’inflation, notamment pour les dépenses alimentaires, le logement et l’énergie. En parallèle, les grandes entreprises, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’agroalimentaire, enregistrent des bénéfices records.

 4. Inégalités de genre

 En France, les inégalités de genre continuent de se manifester de façon marquée. Oxfam met en lumière le fait que les femmes sont plus susceptibles d’occuper des emplois précaires ou à temps partiel, et qu’elles assument toujours une grande partie des tâches domestiques et du travail de soin non rémunéré.

 • Écart salarial : En 2024, les femmes continuent de gagner en moyenne 15 à 20 % de moins que les hommes, un écart qui s’explique par plusieurs facteurs, notamment la sous-représentation des femmes dans les postes de direction et les secteurs mieux rémunérés.

 Oxfam appelle à des politiques publiques plus ambitieuses pour réduire les inégalités de genre, notamment en matière de salaires et d’accès aux postes à responsabilités.

 5. Évasion fiscale et multinationales françaises

 Le rapport 2024 souligne également le rôle des grandes entreprises françaises dans l’évasion fiscale. Des multinationales comme TotalEnergies, LVMH et d’autres utilisent des paradis fiscaux et des optimisations fiscales agressives pour réduire leurs impôts, privant ainsi l’État de ressources cruciales pour financer les services publics et les infrastructures sociales.

 • TotalEnergies, par exemple, a été montrée du doigt pour avoir réalisé des profits massifs grâce à la crise énergétique tout en évitant de payer une part proportionnelle d’impôts en France.

 Oxfam exhorte le gouvernement français à renforcer la lutte contre l’évasion fiscale et à exiger une plus grande transparence financière de la part des entreprises, tout en soutenant des réformes internationales comme la taxation minimum mondiale des entreprises.

 6. Crise climatique et justice sociale

 En France, les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles, et les populations les plus vulnérables en subissent les conséquences de manière disproportionnée. Oxfam souligne que, malgré les engagements climatiques de la France, les mesures mises en place restent insuffisantes pour réduire l’empreinte carbone des plus riches et protéger les populations les plus précaires.

 • Les ménages modestes sont les plus exposés aux conséquences des vagues de chaleur, des inondations et des autres événements climatiques extrêmes, tandis que les plus riches, qui ont une empreinte carbone beaucoup plus élevée, sont relativement épargnés.

 Oxfam appelle à une politique climatique plus ambitieuse, qui inclut des mesures de justice sociale pour compenser les impacts disproportionnés du changement climatique sur les plus pauvres.

 7. Recommandations spécifiques pour la France

 Oxfam propose plusieurs mesures spécifiques pour lutter contre les inégalités en France :

 • Rétablir et renforcer un impôt sur la fortune élargi pour inclure non seulement l’immobilier mais aussi les actifs financiers, avec une progressivité accrue.

• Augmenter la fiscalité sur les entreprises et sur les profits exceptionnels réalisés pendant les crises, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des technologies.

• Investir massivement dans les services publics comme la santé, l’éducation, et les infrastructures sociales, pour réduire les inégalités d’accès et améliorer la qualité de vie des populations les plus vulnérables.

• Renforcer la lutte contre l’évasion fiscale à travers une meilleure régulation des multinationales et une transparence financière accrue.

 Conclusion

 Le rapport 2024 d’Oxfam sur la France met en lumière une situation préoccupante d’aggravation des inégalités économiques, exacerbée par les politiques fiscales régressives et les crises économiques et climatiques. Oxfam appelle à une réforme fiscale profonde, à une plus grande redistribution des richesses et à une transition écologique juste, pour mieux protéger les classes populaires et moyennes face aux défis économiques et environnementaux.