Mépris !
Tel pourrait-être le terme qui caractérise le mieux le comportement de celles et ceux qui nous dirigent, qu'il s’agisse des responsables politiques de la majorité présidentielle, à commencer par le premier d'entre eux ou des fonctionnaires placés à la tête de la DGFIP….
Mépris du Président de la République à l'égard des vérificatrices et des vérificateurs qui sont quotidiennement chargés de faire respecter la loi fiscale votée par le Parlement quand il leur prête des propos vulgaires et une attitude contraire aux principes les plus élémentaires de la déontologie.
Mépris du Ministre de l'Action et des comptes publics qui préfère les annonces médiatiques dans les palais de la République ou au cours d'une foire agricole, à l'information qu'il doit aux agentes et agents concerné·es et à leurs représentant·es…
Qui se voit comme un Ministre transformateur qui veut laisser une trace…. Mégalomanie et égocentrisme pathologique…
Syndrome de confusion mentale également de celui qui, après beaucoup d'autres, confond « destruction » et « transformation », « régression » et « réforme »… Il n'y a rien de bien glorieux et d'original dans cet énième plan de dislocation de notre administration.
A ce stade, c'est plutôt le néant qu'il s'apprête à laisser...
Mépris du Directeur général en marge du CTR du 3 octobre dernier quand les représentant·es des personnels ont proposé d'observer une minute de silence en mémoire des collègues qui ont mis fin à leurs jours et qui n'a pas jugé bon de se lever…
Mépris du DGA quand ce dernier a annulé au dernier moment sa visite aux agentes et agents d'Yvetot, durement ébranlé·es par le suicide de leur collègue et qui s'étaient mis en grève pour dénoncer l'inaction en amont du drame et l'attitude du Directeur général le 3 octobre…
Mépris des directeurs locaux à l'égard des élu·es, des agent·es et des usager·es en ânonnant des éléments de langages éculés, tellement grossiers qu'ils ne trompent personne :
« Plus de proximité » avec la disparition des services de proximité...
« Une meilleure prise en compte des besoins et attentes des usager·es » en fermant les accueils physiques...
« Un meilleur service public » en supprimant les emplois de celles et ceux qui en assurent les missions…
Partout, nous faisons le même constat : les directeurs n'arrivent pas à convaincre, faute d'être eux-mêmes convaincus…
Les réformes sont mauvaises, mais ce sont les réformes… Nous allons dans le mur, mais allons-y et en chantant, s'il vous plaît….
Les agentes et les agents de la DGFIP sont ulcéré·es par ces attitudes.
Nous commençons par ailleurs à subir les premiers effets de la loi sur la transformation publique. Nous ne reviendrons par sur le recours aux contractuels que nous avons déjà largement dénoncé en septembre…
Mais les agentes et les agents, et dans une certaine mesure l'administration elle-même, constatent les premiers effets délétères de la suppression des instances paritaires.
La DGFIP n'assume pas le constat unanime de l'utilité des CAP tant locales que nationales. Elle aurait pu demander le maintien en son sein des CAP. Nous n'avons pas beaucoup entendu les responsables de notre administration se mobiliser au moment des débats sur la loi de transformation de la fonction publique pour exposer, aux cotés des organisations syndicales, l'intérêt de ces instances.
Nous entendons déjà un petit refrain bien connu des irresponsables patentés :
Ce n'est pas la faute de la DGFIP mais celle de la DGAFP… Un peu comme à l'époque du « Ce n'est pas la faute du Gouvernement mais celle de l'Europe »…
Au final, la Direction générale rédige une note sur l'organisation par les directions locales de réunions informelles pour l'affectation des inspecteurs stagiaires. Une note de service sur des réunions informelles… Une forme de « SHADOW Commission » avec encore un peu plus d'arbitraire et toujours moins de garantie d'impartialité pour les agentes et les agents.
Et au passage le mépris de la représentativité syndicale et du vote des agentes et agents aux élections professionnelles...
Nous avons l'impression de rêver…
Venons en à l'ordre du jour de ce CTL parfaitement symptomatique de la finalité des réformes engagées pour dynamiter le service public.
Les mots utilisés feraient sourire s'ils ne cachaient pas des maux profonds…
« L'expérimentation du paiement de proximité » et « l'organisation de l'accueil au CFP de Chartres »
En clair, le Zéro CASH et la liquidation de l'accueil physique.
Sur le zéro CASH, nous vous remercions de nous transmettre les documents envoyés aux OS pour le GT dédié… Un modèle du genre…Une plaquette publicitaire dans laquelle vous ne trouverez aucune information utile. Où les chiffres bruts sont retravaillés pour être rendus parfaitement illisibles et nous empêcher tout chiffrage du coût de cette merveilleuse privatisation… Nous avons du aller chercher l'information ailleurs, à l'extérieur de la DGFIP, chez les buralistes par exemple…
Le zéro CASH où la volonté de faire « sauter » le dernier obstacle à la disparition totale de l'accueil physique. Car au « cas d'espèces » s'il l'on peut dire, personne n'avait encore trouvé la parade pour empêcher d'accéder au guichet celles et ceux qui viennent acquitter leur dette et qui ne disposent pas d'autre moyen de paiement... Il ne s'agit ni plus ni moins que de refuser d'encaisser, c'est à dire de recouvrer des fonds… Une sacrée régression, pardon, modernisation, pour l'administration héritière du Trésor Public…
A tout problème une solution, il suffit d'externaliser les encaissements ! même si, au final, le coût du transfert s'avère plus onéreux que l'exercice de la mission elle-même. Il est vrai que quand il est question d'idéologie, on ne regarde pas à la dépense…
Et l'amélioration du service à l'usager parlons-en ! Une simplification. Une fois au bureau de tabac, ce dernier, qui n'est pas nécessairement le plus fortuné, apprendra qu'il faut d'abord, s'il le souhaite, se rendre au centre des finances publiques le plus proche, pardon, le moins éloigné, pour obtenir un délai de paiement… A moins, qu'un paiement partiel spontané ne fasse office de délai officieux…
Quand à ceux qui parviendront à accéder à un centre des finances publiques encore existant et ouvert, ils devront ensuite se rendre dans un bureau de tabac… L'accompagnement de la santé publique...
Sur la liquidation de l'accueil physique à Chartres
Là encore, vous annoncez un projet de réorganisation de l'accueil quand il ne s'agit ni plus ni moins qu'un abandon de l'accueil physique.
Par une restriction sans précédent de la plage d'accueil physique. Il n'y aura plus d'accueil physique sans rendez-vous l'après midi. L'APRV serait limité à 4 heures par semaine.
Vous substituez par ailleurs à l’accueil physique du SDIF, du SIE et du SPF, une simple orientation des usagers vers impôt.gouv, pour les professionnels, vers les chambres de métiers ou de commerce…
L'agent·e d’accueil devrait être particulièrement polyvalent·e pour assurer une information de même qualité que celle qui est actuellement délivrée par des agent·es formé·es à des missions diverses, particulièrement techniques… Mais à ce jour, rien n'est prévu… Ah quoi bon puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de renvoyer les usagers.
Aide-toi et la dématérialisation t'aidera !
Dégradation donc du service rendu à l'usager, externalisation, prestation payante…Vous organisez simplement la fin du service public à la DGFIP…
Le guichet d'accueil unique, une prestation dépréciée, standardisée, le service public de troisième classe, pour « les indigents » !!!
Derrière cela c'est l'égalité des usagers et l'universalité d'accès au service public qui disparaît. Demain, il y aura celles et ceux qui pourront s'offrir une prestation dans le secteur privé, relativement onéreuse pour être qualitative, et les autres, à qui les tenants de l'idéologie néolibérale, pour s'acheter une bonne conscience, des indulgences, consentent à maintenir un service minimum…
Ces services-là, qui contribuent à aggraver les inégalités au lieu de les réduire, Solidaires Finances Publiques n'en veut pas !