De prime abord, la rémunération au mérite est une idée qui peut paraître séduisante ou pas.

Alors qu’on nous demande d’en faire toujours plus en étant toujours moins, comment ne pas vouloir que son engagement professionnel, ses compétences soient enfin reconnues et récompensées ? Mais est-ce bien cela, la rémunération au mérite ?
Ce dispositif pose la question de l’évaluation de l’ensemble du travail effectué qui ne peut être mesuré scientifiquement. Elle repose donc sur une appréciation subjective du chef de service qui pourra faire la part belle au rendement plutôt qu’à la qualité(on peut déjà constaté que souvent le temps est contrôlé mais pas la qualité), à l’acceptation des réformes, des fusions et des délocalisations plutôt qu’à une réflexion sur le travail, à la docilité plutôt qu’à la défense du service public rendu ...

De nombreuses études font remonter les soupçons de favoritisme et les doutes des agent.es quant à la compétence des cadres à évaluer la performance.
Il ne faut pas oublier par ailleurs qu’une carrière c’est long et qu’au hasard des affectations et du management, le/la « méritant·e » d’une année peut ne plus l’être l’année suivante et voir la prime lui échapper.

Et quid des aléas de la vie qui peuvent impacter la performance au travail ?
Les personnes malades ou atteintes d’un handicap, les gens confrontés à des problèmes familiaux, en dépression risquent au surplus de subir des baisses de rémunération et financer ainsi la prime de collègues dont ils partagent le bureau.
Et que toucheront les femmes enceintes, les temps partiels, celles et ceux qui ont des contraintes familiales fortes, celles et ceux qui mutent et changent de métier, volontairement ou en raison des suppressions de postes ?
Les sources d’iniquité, et donc de frustration et de démotivation sont nombreuses.
Rappelons enfin qu’initialement, notre rémunération, détachée des contingences et aléas politiques, dégagée d’une «méritocratie» individuelle, était pensée comme une garantie de neutralité vis-à-vis des usagères et
usagers et reposait sur l’idée d’une recherche collective de l’intérêt général (qui fonde la notion même de service public). Cette notion de service public qui est souvent mise à mal le serait encore plus.

 

Pour l’ensemble de ces raisons Solidaires Finances Publiques refuse tout dispositif de rémunération au mérite.