24 millions d'euros

Le journal acteurs publics a révélé les détails du plan d'investissement et des détails liés au "projet du Foncier Innovant". Solidaires Finances Publiques réclamait depuis fin 2019 les montants aloués à ce projet d'intelligence artificielle, la DGFIP ne nous avait jamais répondu. La publication des documents précités nous apprend que le Foncier Innovant coûterait environ de 24 millions d'euros.

Et 300 suppressions de postes de plus

Plus que d'améliorer la qualité du service public, le document met très vite en avant les économies substantielles qui pourraient être générées. Ainsi, près de 300 suppressions de postes pourraient découler de sa mise en place. Le fonds de transformation de l'Action Publique, qui parait-il a été instauré pour aider les administrations à investir dans des programmes améliorant la qualité du service public, s'enorgueillit de supprimer d'avantage de postes au sein des missions foncières déjà particulièrement impactées.

Dégradation du plan cadastral

Mais la liste des incohérences ne s'arrête pas là, la fiabilité des bases fiscales serait soit-disant améliorée. C'est déjà oublier que la qualité du plan est dans un premier temps conditionnée par la présence effective des géomètres sur le terrain et non par le report des bâtis avec la seule aide des orthophotos. C'est ensuite mettre de côté le fait que les orthophotos, sur lesquels les algorithmes oeuvrent pour la reconnaissance des piscines et bâtiments, ne sont renouvelées que tous les 3-4 ans en moyenne, et qu'il faut près d'une année pour que les orthophotos soient exploitables après les prises de vues aériennes. Car oui, il ne suffit pas de faire survoler le moindre avion et de transmettre les prises de vues pour qu'elles soient immédiatement exploitées, encore faut-il qu'elles soient retraitées pour gommer les erreurs d'altimétrie, de paralaxe. Encore une fois les soit-disant vertus du tout numérique et des traitements algorithmiques, même auto-apprenants, sont survendues. Les Intelligences Artificielles n'ont pour seul objectif que de favoriser les suppresions de postes dans une logique d'austerité et de casse du Service Public.

Un travail du clic

L'opacité quant à elle, ne concerne pas le seul montant du projet, mais également les techniques d'entrainement des algorithmes devant détecter automatiquement les piscines et bâtiments. Un algorithme ne peut "apprendre" que si il lui est indiqué quelle tâche bleue correspond bien à une piscine et quelle autre n'est en réalité qu'une ombre, bâche ou marre de fortune. Si les agent·es traiteront et valideront, en aval, par un travail du clic, si les éléments détéctés sont bien des piscines, les algorithmes nécessitent un entrainement en amont. Ces techniques d'entrainement des algorithmes et de détection sur les orthophotos sont opérées par Google. Quels sont les travailleurs et travailleuses qui oeuvrent en amont? Sont-ils des "micro" travailleurs exploités dans une région défavorisée du globe? Et pour les personnels de la DGFiP, quelle intérêt dans le travail à cliquer encore et encore pour déterminer si le morceau d'orthophoto déniché par les algorithmes est effectivement une piscine taxable, la DGFIP organise la déperdition de la technicité des ses agentes et agents.

Solidaires Finances Publiques dénonce l'opacité régnant autour de ce projet techniciste qui renie la technicité des personnels et met en danger les missions topographiques à la DGFIP. Le plan cadastral doit être l'oeuvre des géomètres, en nombre suffisant, et non une expérimentation intégrant une entreprise des GAFAM.