DECLARATION LIMINAIRE CTL DU 14 MAI
Monsieur le Président,
Sombre période que celle de la 26ème semaine d’action des gilets jaunes, dont les revendications n’ont pas trouvé de réponses après la clôture du grand débat.
Triste période que celle qui mobilise les 9 organisations syndicales de la Fonction Publique, qui ne sont pas écoutées par ce gouvernement.
Quelle perspective pour la DGFIP avec le plan de réduction massif de personnel, de suppression d’emplois, puisqu’ il ressort de plus en plus des propos des ministres Darmanin et Dussopt que c’est la DGFIP qui absorbera l’essentiel des suppressions d’emplois de la Fonction Publique d’Etat.
Que c’est la DGFIP qui subira une réduction du champ de ses missions à travers l’externalisation et une concentration extrême du réseau territorial avec la mise en œuvre du « Front/Office et du Back Office », vieille chimère survivante de la Réforme Beaufret !!
Après avoir passé les structures à la moulinette, il faut encore faire plier les agents et pour ce faire, il faut les priver de leurs droits. Au niveau DGFIP, par une déréglementation, déjà entamée, des règles de gestion, afin de déstabiliser davantage les agents et de compliquer l’articulation, pourtant prônée, vie professionnelle /vie personnelle.
Mais au-delà du détricotage de la DGFIP, la mise à mort du service public tout entier est en marche. Pour y aboutir, il faut attaquer le statut de la Fonction Publique, statut protecteur pour les citoyens et pour les agents. Dans le contexte de chômage permanent, qui touche + de 6 millions de personnes, dans un environnement de précarité qui a créé une nouvelle catégorie de salariés qualifiée de « travailleurs pauvres », de travail à temps partiel imposé, le service public assure la cohésion sociale.
La loi dite de modernisation de la Fonction Publique est la sinistre mise en acte de CAP 2022, avec des services publics condamnés par :
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Le recrutement des contractuels dans tous les grades y compris sur des emplois de titulaires qui ouvrira les vannes d’un recrutement clientéliste, politique ou relationnel. Solidaires Finances Publiques dit non à cette précarité. Solidaires Finances Publiques considère que seul le recrutement par concours permet l’intégration des femmes et des personnes issues de la diversité dans la Fonction Publique et au-delà dans le monde du travail. Le recrutement par concours sert d’ascenseur social.
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Les dispositifs de mobilité forcée avec des fonctionnaires qui pourront être détachés d’office pour suivre une mission externalisée ou privatisée avec des CAP, vidées de leurs compétences pour faire place à l’arbitraire ;
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Une rémunération au mérite individualisée et à la tête du client par le biais du RIPSEEP.
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Des plans de départ « volontaire » de fonctionnaires victimes des restructurations.
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La suppression/fusion des CHSCT et des CT afin de réduire les instances de défenses des conditions de travail et de prévention des risques psycho-sociaux.
Nous sommes au 5ème jour du procès de France Telecom, l’ordonnance de renvoi précise que « les dirigeants de France Télécom ont fait le choix de transformer vite, vite, une entreprise de 108.000 salariés dans le déni de son histoire et de sa culture de service public au détriment des conditions de travail des salariés et de leurs droits sociaux ».
N’est ce pas ce qui est entrain de se mettre en place à la DGFIP avec la géographie revisitée ?
Aujourd’hui nul ne peut ignorer que les restructurations sont une technique généralisée d’insécurisation, de mise sous tension des salariés ; Nos collègues de SUD PTT dénonçaient dès 2010 : « la fréquence accrue des réorganisations, restructurations et changements de périmètre des entreprises, qui impactent tout ou partie de l’organisation et modifient parfois brutalement les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur activité », « l’intériorisation par le management de la financiarisation accrue de l’économie, qui fait de la performance financière la seule échelle de valeur dans les comportements managériaux » ;
Ce ne sont pas que les syndicalistes rétrogrades et hermétiques à tous changements qui font ces constatations.
En effet, une récente enquête du Ministère du Travail confirme la fréquence et la toxicité de ces modes de management autoritaires. Ainsi sur une seule année, en moyenne deux salariés sur cinq, tous secteurs confondus, disent avoir vécu un changement organisationnel qui a « fortement modifié leur environnement de travail » Mais très peu sont associés aux décisions : parmi ceux qui ont vécu un tel changement, moins d’un sur cinq, estime avoir été consulté et avoir pu influencer sa mise en œuvre. Bien plus souvent (pour 37 % d’entre eux), ils estiment ne pas avoir été correctement informés et encore moins consultés sur les changements. Dans ce cas, leur santé mentale s’en ressent fortement, puisque 21 % présente un symptôme dépressif, deux fois plus que la moyenne des salariés.
A la DDFIP, seront nous un jour obligés d’entendre la reprise de la célèbre expression de Didier Lombard qui déclarait en 2006, comme le rapportent les juges d’instruction dans leur ordonnance : « je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte » ?
Vous ne pourrez jamais dire : « je ne le savais pas » ou « c’était les ordres et je n’étais qu’un exécutant » comme nous l’avions entendu en d’autres temps et en d’autres lieux.
Vous êtes comptables de la sécurité et de la santé au travail, vous êtes comptables du service public et de l’égal accès de tous ;
Où sont les progrès sociaux ? Alors que cette loi va finir de détricoter les lois Auroux de 1982, créatrices entre autres du CHS et du statut général de la Fonction Publique porté par Anicet Le Pors ?
Comment peut on vivre dans un monde sans rêve et sans idéal ? Sans homme pour l’incarner et le porter ?
Sommes-nous réduits à des mesurettes qui enferment l’homme dans les contraintes du marché et des financiers ?
Pouvons-nous laisser un monde sans perspective à nos enfants ? N’avons-nous que Donald Trump, Poutine, Erdogan et Bolsonaro comme perspective pour l’avenir de l’humanité ?
L’Europe ne peut-elle être que la cohabitation des nationalismes ? Des communautarismes ?
Pouvons laisser la planète aux lobbys, chantres du profit, qui vont finir par nous convaincre que les pesticides de Monsanto sont bons pour notre santé et celui de la planète ?
Il ne nous reste plus qu’à prendre à notre compte les propos de Romain Rolland : « Même sans espoir, la lutte est encore un espoir » et nous battre sans relâche pour faire triompher nos rêves.