De nos jours, les luttes féministes demeurent malheureusement toujours d'actualité. Ces années de crise sanitaire n'ont pas remis en cause les inégalités entre les femmes et les hommes, bien au contraire... Les inégalités salariales persistent et les inégalités au travail restent légions : temps partiels, congés parentaux essentiellement pris par les femmes, carrières moindres, métiers féminisés dévalorisés avec les salaires les plus bas… Globalement, les femmes sont surexposées à la pauvreté. Elles perçoivent toujours en moyenne un salaire de 16,8% inférieur à celui des hommes, idem pour les pensions de retraite. La majorité de la charge mentale et familiale liée aux tâches domestiques et parentales repose dans la plupart des foyers surtout sur les femmes.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir... à la DGFiP aussi. La comparaison des rémunérations nettes mensuelles moyennes montre encore de grandes inégalités entre les femmes et les hommes. Malgré les idées reçues, le statut de la Fonction Publique n’est pas le garant d'égalité en la matière. De manière générale, les plus grandes différences se trouvent chez les non-titulaires, ce qui laisse présager une augmentation de celles-ci dans les années à venir depuis l'application de la loi de Transformation de la Fonction Publique et l'ouverture massive à la contractualisation.
A la DGFiP, en 2022, les femmes sont toujours en tête pour le congé parental (94,7%), la disponibilité et le congé sans traitement par exemple. Selon le dernier rapport annuel sur l’état de la Fonction Publique (édition 2023 / données 2021), à la Fonction Publique de l’État, l’écart de salaire en équivalent temps plein entre les femmes et les hommes est de 13,4 %. La DGFiP reconnaît d'ailleurs elle-même les différences de rémunération liées aux postes occupés et aux évolutions de carrière. Mais ensuite ? Le plan d'actions 2020-2022 de la DGFiP en faveur de l'égalité professionnelle femmes-hommes, pourtant annoncé en grandes pompes, n'aura finalement eu que très peu d'effets correctifs par le manque de moyens humains et budgétaires concrets, d'échéances précises ou encore de sanctions.
L’étude des Bilans Sociaux remplacés par les Rapports Sociaux Uniques (R.S.U.), qui se sont succédés, montre qu’au-delà du constat partagé des inégalités de rémunération existantes, de façon exponentielle en montant en catégorie et grade, leur résorption pour arriver enfin à « fonction égale, rémunération égale » n’est toujours pas d’actualité. Et le développement des postes « au choix » comme la menace d'une prime au « mérite » attisent ces écarts : le processus de sélection qui sera imposé à nos supérieurs pour déterminer qui mérite cette prime sera complexe, très subjectif et source de conflits. Tout comme pour nos précédentes expériences d'avancements différenciés, tout le monde ne bénéficiera pas de ces primes, tout sera organisé pour créer la concurrence. Et qui seront les plus perdantes ? Dans cet état de fait, alors que les hommes touchent déjà plus de primes que les femmes (32,84% contre 31,33% dans la rémunération globale), alors que les femmes sont encore freinées dans leur déroulé de carrière parce qu’elles font notamment passer les considérations familiales avant elles, alors que l’État employeur ne fournit pas les infrastructures nécessaires pour mieux concilier vie personnelle et vie familiale telles des places en crèches correspondantes aux besoins, le risque est grand que ce soit elles les perdantes. Encore une fois.
Alors que faire demain? Que faire pour le 8 mars?
Portez votre ruban blanc, tous. On l'a confectionné et distribué pour ça! C'est un signe de ralliement, c'est un symbole des combats féministes.
- SuivantSandra CHANE-FOC, Magali BILLARD et Florent CORMARY
- co-secrétaires de Solidaires Finances Publiques de la Réunion