Vers la retraite

en déambulateur

 

La « retraite pour les morts ». C’est ainsi qu’était perçu le premier large mécanisme de retraite, mis en place en France en 1910, permettant de percevoir une pension à compter de 65 ans, âge que peu atteignait à l’époque.

Certes, depuis lors l’espérance de vie a heureusement sensiblement progressé. Mais l’espérance de vie en bonne santé (c’est-à-dire sans incapacité) s’établit en France en 2019, à 64,5 années pour les femmes et 63,4 ans pour les hommes.

Or que prépare le gouvernement, avant même de tenter de refondre entièrement le système ? Une réforme paramétrique qui repoussera l’âge réel de la retraite au-delà de ces bornes.

En effet, le président de la république et le premier ministre ont affirmé que l’actuel système devait être parfaitement à l’équilibre financier au 1er janvier 2025, avant l’entrée en vigueur de la réforme systémique envisagée.

A cette fin, ils ont mandaté le conseil d’orientation des retraites (COR), pour un audit que celui-ci a rendu le 21 novembre.

Le COR estime que le déficit des différentes caisses pourrait atteindre fin 2024 une fourchette, en fonction de diverses hypothèses, de 8 à 17 milliards d’euros. Pour le combler, il évoque, sans en privilégier aucune, les possibilités classiques, : baisse des pensions, majoration des cotisations, durée de cotisation ou mesure d’âge.

Le jour même de la publication du rapport, le premier ministre a fait clairement part de son choix lors d’une interview sur France Inter : «  Je ne crois pas acceptable de baisser les pensions, ni d’augmenter les cotisations »  Quelles options restent alors ? «  Travailler plus longtemps dans la vie, soit en augmentant la durée de cotisation, soit avec des mesures d’âge ».

 

 

1 ) Quelle est la situation légale actuelle ?

 

L’age d’ouverture des droits à pension est de 62 ans .

>Pour bénéficier d’une pension « à taux plein » (c’est-à-dire sans une décote, représentant, outre la réfaction proportionnelle, une pénalité de 5 % par année non faite), il est nécessaire d’avoir cotisé la durée ci-après :

Année de naissance

Durée de cotisation

1964 à 1966

42 ans 3 mois

1955 à 1957

41 ans 6 mois

1967 à 1969

42 ans 6 mois

1958 à 1960

41 ans 9 mois

1970 à 1972

42 ans 9 mois

1961 à 1963

42 ans

1973 et au delà

43 ans

 

 

2) Que propose le rapport du COR pour dès 2025 ?

 

a) un report graduel de l’âge d’ouverture des droits (AOD), pour les générations 1959 à 1963 :

En fonction de différentes hypothèses économiques, cela représenterait une hausse par génération (par année de naissance) de 2,5 à 5,4 mois, soit pour la génération 1963 un âge d’ouverture des droits dans une fourchette allant de 63 à 64,3 ans (contre 62 aujourd’hui).

 

b) ou d’agir sur la durée d’assurance requise pour bénéficier du taux plein :

Sur la base des différents scénarios, est envisagé un rythme de progression de la durée, par génération, en partant de 41 ans 9 mois pour 1958, de 4,8 à 10,4 mois .

Soit une durée d’assurance pour la génération 1963, de 44 ans à 46,3 ans, contre 42 ans initialement fixée. ( Rappelons qu’il y a quelques semaines, le président de la république paraissait privilégier l’allongement de la durée de cotisations sur la borne d’âge).

Pudiquement, il n’y a pas de propositions pour les générations postérieures à 1963…

Ce faisant, le gouvernement indique clairement la façon dont il entend mener la future réforme systémique.

 

 

Alors que les entreprises tirent leur richesse du travail de leurs salariés, il refuse d’envisager toute augmentation des cotisations pesant sur elles.

Tandis que les subventions d’État, tel le CICE, se sont multipliées, que le taux d’IS ne cesse de baisser, que la taxation des dividendes et du capital s’effondre, le gouvernement veut faire peser de plus en plus le financement des retraites sur les seules épaules des salariés.

Jusqu’à « la retraite pour les morts » ?

En tout cas, un régime de retraite par points en serait l’instrument parfait !

 

Toutes et tous en grève le 5 décembre prochain!