Interview Exclusive
d'un des membres ayant participé
à l'intrusion du dispositif de sécurité
au Pont du Gard
lors des assises des Petites Villes de France
le jeudi 19 septembre 2019
Luis VALLEE VERTE : Bonjour Monsieur Garric, je vous remercie d'avoir accepté cette interview pour le Reboussier, Journal de Solidaires Finances Publiques Gard.
Stéphan GARRIC : Je vous en prie, c'est normal. En tant que secrétaire adjoint de la section Solidaires Finances Publiques du Gard, je me dois de répondre à vos questions.
LVV : Qu’êtes vous allé faire au Pont du Gard ?
SG : Il se tenait les assises des petites villes de France, ou 400 maires étaient attendus. nous souhaitions les interpeller et les informer sur les dangers du plan darmanin. En effet, avec l'énorme communication de Bercy, certains d'entre eux pensent encore que cela va remettre du service public au sein des territoires.
LVV : Avez vous atteint votre objectif ?
SG : Olivier Dussopt, Francois Baroin, Gérard Larcher le président du sénat étaient attendus. Le Premier Ministre "s'est invité" au dernier moment, et cela a quelque peu changé la donne sur le plan de la sécurité. La sécurité du site a été renforcée, transformant l'espace en bunker. Nous n'avons donc pas pu accéder au site dans un premier temps. Nous nous sommes donc fait entendre et voir. Comme l'intersyndicale fonctionne bien et que nous avions battu le rappel d'autres départements, nous étions un groupe important, bruyant et coloré. Il était difficile de nous manquer dans Remoulins et aux abords du site.
J'ai cru comprendre que même les maires en réunion en ont profité : objectif atteint. Cela a agacé quelque peu les gendarmes qui s'occupaient de la circulation. Heureusement, nous avions avec nous un gars des renseignements généraux, ils ont été cools.
LVV : Et c'est tout ?
SG : Non !! Lorsque les klaxons ont commencé à fatiguer, nous sommes allé nous garer à Vers Pont du Gard pour faire le point, et c'est là qu'un groupe d'une dizaine de militants dont je faisais partie s'est éclipsé. Je vous rappelle que nous avions notre ami des RG collé à nos baskets. Nous avons rejoint le Pont du Gard par des chemins détournés avec l'intention initiale d'interpeller les maires. Arrivés sur le Pont Antique proprement dit, et après avoir traversé deux contrôles sans se faire remarquer, nous avons tenté d'aller vers le centre de conférence. Malheureusement, la voie était trop bien gardée et les gendarmes ont fini par voir que nous n'avions pas l'air de simples touristes.
Ils nous ont poliment demandé ce que nous faisions là, fouillé les sacs et confisqué les drapeaux et chasubles Solidaires, contrôlé l'identité de certains, dont moi, et demandé de quitter le site. Ils étaient assez compréhensifs malgré tout car ils connaissent eux aussi les affres de la politique budgétaire et de de la communication mensongère.
Ils ont souvent un équipement hors d'âge, contraints d'acheter du matériel qui devrait être fourni par leur direction .... Bref il y a une certaine convergence de vue, d'autant plus qu'ils ont vite compris que nous n’étions pas d'horribles perturbateurs - hormis leur chef qui a moyennement apprécié notre incursion.
LVV : Qu'avez vous fait après cela ?
SG : Nous avons été ramenés à l'entrée du site, sous escorte des gendarmes mobiles, où nous attendaient nos collègues.
LVV : L'histoire s'est donc bien terminée ?
SG : Elle n'est pas terminée. Nous pensions repartir tranquillement, en attendant le rendez vous avec le conseiller de Dussopt prévu à 15h. Las, un de leur chef a décidé de nous bloquer, je pense pour nous faire payer notre incursion interdite. Ni une ni deux, comme nous sommes des gens plutôt conviviaux et prévoyants, nous avons sorti la sono et attendu en musique, avec quelques pas de danse. Ce qui a beaucoup fait rire les gendarmes et les touristes qui patientaient derrière nous. Car nous avions décidé que si nous ne partions pas, les autres non plus.
Au bout d'un long moment, l'un des cadres de la gendarmerie initiateur de notre blocage, visiblement agacé que cela ne nous perturbe pas, a finalement décidé de laisser partir ces syndicalistes encombrants. En même temps , il aurait eu du mal à justifier le fait qu'on rate la réunion avec le conseiller de Dussopt.
LVV : Tout autre chose, mes sources m'ont indiqué que le cercueil de la manifestation du 16 septembre ,venait de vous ?
SG : L'idée non, cela a déjà été fait dans d'autres départements mais effectivement, j'ai fait ce cercueil pour l'intersyndicale du Gard. Il est le symbole de notre enterrement de première classe de ce projet mortifère.
LVV : D'autres actions sont elles déjà prévues ?
SG : Oui, pour les mardis noirs qui ont été décidés par l'intersyndicale nationale mais c'est une autre histoire...