Luis VALLEE VERTE votre journaliste du Reboussier, journal local de Solidaires Finances Publiques 30, a souhaité mettre en lumière l'intervention d'une gréviste venue annoncer son ressenti, son désarroi face à la réforme sur le Nouveau Réseau de Proximité :
Son intervention en séance :
Et je viens profiter de cette réunion pour m'exprimer !
Exprimer :
- Le refus de cette réforme.
- Le refus des fermetures des Postes.
- Le refus des diminutions des effectifs.
- Le refus de la destruction des services d'accueil du public.
- Le refus de la privatisation des services publics pour l'enrichissement sur les deniers publics d'actionnaires et de grandes entreprises du CAC 40.
- Le refus de la perte de savoir-faire et d'outils efficaces contre une remise à des sociétés privées aux activités non pérennes et sans déontologie de notre travail.
Je ne veux pas de votre carte revisitée qu'elle soit V2 ou V6 !
ndlr :"C'est sans fin.... et après 2022, les suppressions vont continuer....
Vous considérez le privé plus efficace que nous !
Mais je vous remercie pour votre réforme car vous avez réussi à mettre d'accord contre vous :
-
les agents
-
les usagers
-
les collectivités.
L'impact des fermetures de poste est très important pour la survie de toutes les communes rurales et cela après la fermeture des écoles et autres services publics."
INTERVIEW
Luis VALLEE VERTE : Pourquoi avoir voulu faire grève ce jour-là ? Une mission était accordée par le directeur !
Nicole L : Voici mon ressenti : je n’entendais pas cette invitation comme une mission, une concertation, ou une réunion d'information . À la vue de la carte et des suppressions de postes et d’emplois, elle est comme la répétition de ce qui a été déjà dit en présentant la réforme toujours par des termes positifs. J’ai ressenti cette concertation comme l'expression de « vous ne m'avez pas compris, venez que je vous explique pour que vous voyiez que c’est positif ».
LVV : Pourquoi ne pas avoir tout simplement boycotté la réunion ?
NL : Boycotter, c’était ne pas me reconnaître concernée par ce qui se passe ou faire l’autruche ou être désespérée. Donc, une autre solution : venir, mais de mon propre fait, par ma propre décision, m’exprimer en mon nom.
Gréviste pour montrer ma contestation, mon discours pour l’appuyer, et ma sortie de la salle après mon intervention pour les laisser réfléchir et ne pas laisser me répondre au tac au tac des réponses toutes faites qui ne tiennent pas compte de la situation des Français face aux services publics et de leurs demandes.
LVV : Le directeur a évoqué la nécessité d’adaptation du service public. Son projet semble séduisant avec tous ces points de contacts (MFS et MSAP) et autres permanences en mairie ! Ce n'est pas positif pour vous ?
NL : Ces points de contact ne sont que des services « low cost ».
Une fermeture n'a rien de positif. Une suppression d'emploi n’est pas un gain de qualité dans le travail. Un regroupement n’est pas une meilleure gestion du travail. Les termes « restructuration » et « réforme » ne sont que des termes positifs pour ne pas dire la réalité: on ferme tout !
Et le public dans tout ça ? Je suis fonctionnaire au service du public, pour le public, et étant moi-même le public. Donc je suis contre cette réforme.
On ne peut pas remplacer le savoir faire d’agents depuis des années et qui traitent les dossiers, par des agents contractuels à durée limitée en nombre limité qui n’ont pas la mainmise sur la décision finale.
LVV : Le directeur déplore le manque de concertation de l'intersyndicale SOLIDAIRES FO CGT du Gard.
NL : Accepter cette concertation c’est mettre à mes yeux un premier pied dans la tombe en espérant qu’ils s’arrêteront à la cheville. Nous sommes déjà jusqu’à l’os. Et ils n’entendent pas arrêter de supprimer les emplois.
Luis VALLEE VERTE : Au-delà de votre intervention, avez-vous d’autres points à évoquer ?
NL : Je regarde les situations en territoire rural. Sur la commune où je réside, Le Vigan, on a fermé la CAF, la MSA, la Sécurité Sociale, le Tribunal d'Instance. Il ne resterait que la sous-préfecture, car recensée en zone de montagne, mais sur la sellette depuis des années.
LVV : Justement, le directeur propose pour le Vigan une antenne SIP et SIE depuis le début du projet. Certes il ne propose pas pour l'instant de Service de Gestion Comptable pour les collectivités.
Ce n'est tout de même pas positif ?
NL : Le service d’antenne impôt ne gardera que 8 personnes sur les 16 à ce jour sans tâches réellement définies pour la même population. Et pour avoir des réponses sur des dossiers nous sommes déjà obligés pour certains impôts de contacter des services centralisés comme le foncier sans arriver à joindre un agent ou avoir de réponse par courriel car ces services sont aussi en déficit d’emplois.
Ce que le directeur n'ose pas dire ou ne veut pas dire, c'est que pour fermer un service comptable il faut un décret ministériel, pour la fermeture d'une antenne NON ! !
Enfin, dans cette partie du département, les collectivités locales sont nombreuses et petites avec un besoin d'aide à la gestion, ne pas y laisser une trésorerie est une catastrophe pour ces collectivités.
LVV : Le directeur propose d'y implanter un conseiller aux collectivités. Cela ne suffit pas pour vous ?
NL :
On multiplie leurs interlocuteurs par un conseiller pour plusieurs collectivités et un centre de gestion éloigné qui lui passera ou rejettera les opérations mais loin d’eux. Et pour combien de temps ?
N’oublions pas la volonté du gouvernement de regrouper les services. On abandonne cette province et ses usagers en collectivité ou en impôts sous prétexte qu’il y a les voitures, l’internet et de plus en plus de résidences secondaires. Quelle entreprise pourrait revenir dans ces vallées où l'industrie du textile était présente sans interlocuteur fiscal local ? Les classes des petites écoles ferment malgré la présence d’élèves. Comment pourra-t-on faire venir une famille sans école ? Pourquoi un médecin s’installerait-il si il n’y pas de population à l’année ? C’est une désertification des provinces programmée.
L’écologie est oubliée dans ces regroupements en obligeant les usagers comme les fonctionnaires à des déplacements importants. La santé des gens est oubliée en les obligeant tous à se regrouper dans des centres-villes surpeuplés.
LVV : Ne pensez-vous pas que cette antenne SIP et SIE soit pérenne ?
NL : Avec les suppressions d’emplois attendues ? Comment dire perenne ? NON ! Un jour un directeur avait dit : « dans perenne, il y a aussi péremption, il n’y a jamais rien de pérenne dans la vie ! ». Il est vrai que depuis 20 ans dans nos directions on le sait bien hélas ! Ces propos ne sont là que pour rassurer et tenter d’éteindre l’incendie social. De plus, une antenne n’est pas un service à demeure mais une extension délocalisée qui n’a pas vocation à demeurer en l’état .
LVV : Pour vous, regrouper les services comme cela n'est pas la solution ?
NL :
Le regroupement n’empêchera pas la poursuite de la suppression des services et les restructurations. Les services des personnels ne sont-ils pas partis de Nîmes pour se regrouper à Montpellier en perdant des emplois au passage ? Nous rencontrons ainsi dans notre administration des difficultés pour avoir des réponses concernant nos salaires.
Nous voyons déjà dans les villes où les regroupements ont eut lieu, au moment des déclarations, des délais d’attentes énormes pour la réception. Quant à l’accueil sur rendez-vous, par expérience personnelle, le temps étant limité je n’ai pas eu la réponse à ma question et on m’a renvoyée sur internet qui n’avait pas la réponse particulière. Je ne peux pas payer une société privée pour faire ma déclaration. Les banques font déjà payer en 30 et 50 euros cette démarche de 30 minutes environ d’accueil par leurs conseillers financiers.
Concernant l'informatique, j'ai une formule : "l'internet (ou l'intelligence artificielle) est à l'humain ce qu’est la chicorée au café, un ersatz ou mieux l’aspartame par rapport au sucre." L’informatisation n’est pas au point, et on veut supprimer les agents avec le gain de l’informatisation qui n’est pas encore faite.
Cette « réforme » qui doit rendre plus efficace les services en les regroupant éloigne les services des personnes qui en ont besoin. Et les suppressions d’emplois continuent. Tout cela pour s’entendre dire que l’on donne nos missions au privé.
Mais ce privé n’est pas gratuit. J’ai regardé la Française des Jeux être privatisée et signer un contrat pour faire un recouvrement des impôts et taxes en se faisant payer les transactions financières qui ne transiteront pas directement sur le compte de l’état. Une société privée est là pour faire des bénéfices pour elle-même, un service public qui fait des bénéfices c’est pour le public.
Même chose pour les collectivités : la simplification des tâches passe par la privatisation de celles-ci comme la gestion de l’eau, le traitement des déchets, le recouvrement des factures. Cela me rappelle la privatisation des autoroutes, de l’énergie, des aéroports, de la Française de jeux et leurs enjeux financiers pour le privé et le coût pour les collectivités ou l’état.
Je suis fonctionnaire et je travaille pour l’intérêt général, avec déontologie et la responsabilité des services rendus au public. Notre statut nous permettait d’être indépendant du pouvoir et regarder tous les usagers avec la notion d’équité.
LVV : Vos collègues du Vigan sont en lutte depuis juin 2019 et ils semblent inquiets et révoltés comme vous de l'avenir de leur service. Voulez-vous leur transmettre un message ?
NL : Ne lâchez rien ! Je pense à eux et je suis de tout cœur avec eux !