C’est par l’intranet « Ulysse » que nous avons appris que la DDFiP de la Lozère était retenue pour participer à l’expérimentation de la mise en œuvre d’une prime d’attractivité.
Cette mesure nationale, qui s’applique à 111 postes non pourvus par les mouvements de mutation annuels, concerne 9 postes pour la seule DDFiP 48 :

Postes attractivité

Ces postes seront pourvus dans le cadre d’un appel de candidatures pour lequel la date limite de dépôt se situe au 15 septembre, pour une prise de fonctions à la date du 31 décembre 2022 !

Les « élus » bénéficieront d’une prime de 10 000 euros, à condition de rester pendant 5 ans sur le poste obtenu. Elle sera versée en 3 fractions : 40 % lors de l’installation, 20 % au terme d’une durée égale à la moitié de la période de référence, soit 2 ans et demi et 40 % au terme des 5 ans, la période de référence.

Sur la forme
Les représentants des personnels que nous sommes auraient trouvé respectueux d’être informés par la direction intérimaire de la participation de notre DDFiP à ce dispositif, mais peut-être l’ont-ils appris par le même canal (Ulysse), ce qui en dirait long sur l’état de délabrement de la chaîne hiérarchique. Ceci dit, ce ne serait pas la première fois que nous sommes informés par des sources extérieures avant que notre direction nous avise (si elle pense à le faire).

Sur le fond
Nous pourrions nous réjouir du fait que la DG reconnaisse enfin les difficultés que nous rencontrons au quotidien et les officialise ainsi, mais ce dispositif est proprement scandaleux à plusieurs titres :

  • il va certes attirer des collègues qui n’ont pas pu rentrer à la faveur des mouvements généraux ou de l’appel de candidature « SPAF », mais aussi des collègues qui voudront profiter de l’aubaine, qui resteront durant 5 ans et repartiront dès que possible, nous faisant revenir à la case départ ;
  • il va créer une rupture d’égalité avec tous les agents arrivés avant décembre 2022 (bonjour l’ambiance dans les services) et ce sera aux représentants des personnels d’apaiser les conflits en expliquant que c’est la DG qui crée les injustices ;
  • il va désespérer tous ceux qui voudraient « rentrer au pays » mais sont bloqués par un délai de séjour ;
  • il va susciter des mécontentements chez ceux qui ne seront pas retenus ;
  • il va créer des difficultés dans les directions de départ des « appelés » où ils pourront pas être remplacés faute de mouvement de mutation (à moins de créer un appel de candidature pour ces 111 postes libérés par les agents retenus !!!) ;
  • il va inciter certains directeurs, ou certaines directrices des directions expérimentatrices à « faire leur marché » grâce à cette « carotte » qui ne leur coûtera rien ;
  • etc.

Plus largement
Cette mesure ne réglera pas le fond du problème qui est la faiblesse des recrutements.
Tous les ans, nous la dénonçons et rappelons à l’arrivée de chaque nouvelle promotion d’inspecteurs et de contrôleurs qu’il y a toujours et encore une promotion de retard, et les appels timides et tardifs des listes complémentaires ne suffisent pas à combler les vacances.

C’est aussi la démonstration flagrante de l’échec du dispositif des « lignes de gestion » et de l’élaboration de ces mouvements pour lesquels les capistes n’ont plus voix au chapitre, n’ont plus la possibilité d’évoquer les situations de sous-effectif des directions et de demander à la DG d’aller au bout des mouvements avec de vraies « suites ».
Illustration : pour la deuxième année consécutive, un agent C stagiaire qui avait demandé à être affecté en Lozère se retrouve à plusieurs centaines de kilomètres alors que le renoncement d’un autre aurait dû lui permettre d’arriver sur le département…

Et avant tout, cela ne réglera pas le problème de l’attractivité qui est lié à d’autres considérations que notre hiérarchie ignore voire piétine allégrement depuis quelques années :

  • de bonnes conditions de travail dans des locaux suffisamment dimensionnés ;
  • des missions stables et bien définies ;
  • un soutien réel et technique de la part de la hiérarchie intermédiaire ;
  • des équipes de direction stables et non animées d’un turn-over épuisant pour ceux qui les accueillent ;
  • une action sociale dynamique, dotée des moyens de son ambition et de la liberté nécessaire à son efficacité ;


Rappelons tout de même qu’à l’heure actuelle la DDFiP 48 n’a plus de déléguée de l’action sociale (en congés avant retraite) ni d’assistante sociale (la nouvelle ayant jeté l’éponge après 6 mois) et de médecin de prévention et sans qu’à l’heure actuelle la moindre solution alternative ne soit proposée aux agents.

Notre beau département de la Lozère dispose de réels atouts pour attirer les fonctionnaires qui nous manquent. Il faudrait juste que la DDFiP ne se contente pas de nommer un « référent attractivité » (d’ailleurs muté lui aussi) mais se soucie davantage de l’humain et fasse remonter à la Centrale ces problématiques plutôt que les conclusions d’un futile« remue-méninges ».