OPPOSES AU « NOUVEAU RESEAU DE PROXIMITE » ET A LA FERMETURE DU S.I.P.
LES AGENTS D'ISTRES EN GREVE BLOQUENT LEUR SITE
Les agents du Centre des Finances Publiques d'Istres ont décidé ce lundi 16 décembre de bloquer leur site afin de protester contre le « Nouveau Réseau de Proximité ». Ce projet prévoit que le S.I.P. d'Istres rejoigne Arles à horizon 2023. Ne resterait alors plus sur le site d'Istres que le S.I.E. et un S.G.C. (Service de Gestion Comptable, back-office du secteur public local aujourd'hui géré par les Trésoreries d'Istres, Miramas et Martigues).
L'action des agents a été appuyée par le maire d'Istres, qui voit s'éloigner encore un service public de sa commune. La Mairie nous avait déjà assurée de son soutien lors de notre rencontre de présentation des conséquences du « Nouveau Réseau de Proximité » le 1er octobre. Le député de la circonscription (particulièrement impactée par le projet « N.R.P. »), Pierre Dharréville, s'est également rendu sur place. Il a critiqué ce projet et s'est engagé à saisir le Ministre Darmanin à ce sujet. Il est clair que, malgré les affirmations de notre Direction, les élus ne sont pas convaincus par la propagande sur les bienfaits de cette « géographie revisitée » ; ils n'acceptent pas cette réforme.
Les agents souhaitaient voir le Directeur Régional. Dans un premier temps, celui-ci a refusé de venir sur Istres par principe, ne voulant pas discuter devant un site bloqué par un piquet de grève.
Après pourparlers (peut-être grâce également à l'intervention des élus), le Directeur Régional et son équipe sont finalement venus en début d'après-midi à la rencontre des agents. Ceux-ci ont pu ainsi exprimer leur incompréhension totale face à la décision de la Direction : plus d'accueil de l'usager particulier, accueil minimal pour les professionnels, mobilité géographique imposée aux agents.
La Direction a expliqué le pourquoi de cette réforme. Les structures de « taille critique » ne peuvent plus fonctionner, il faut donc selon la Direction regrouper ces structures pour étoffer les unités de travail. Les S.I.P. d'Arles et de Tarascon (« de taille critique ») rencontrent de grandes difficultés et ne peuvent assumer leurs missions, le transfert des emplois du S.I.P. d'Istres apparaissant alors comme la solution aux yeux de la Direction. Pour nous, si le constat peut s'entendre, les remèdes proposés ne sont pas de nature à guérir les maux. Le ration charge de travail / nombre d'agent n'étant pas modifié, comment la qualité de service rendu à l'usager et les conditions de travail des agents peuvent-elles être améliorées ? Nous continuons de revendiquer l'ouverture de véritables négociations sur les besoins humains nécessaires à l'accomplissement de nos missions. La suppression annoncée de 51 postes à la DRFiP PACA 13 pour 2020 n'est pas de nature à nous rassurer...
Afin que l'usager puisse continuer à être reçu au sein des « sites fiscaux », l'accueil doit désormais être séparé de la gestion. Étrange manière d'envisager notre chaîne de travail par ceux qui se vantent de connaître nos missions et nous louaient il y a peu « l'interlocuteur fiscal unique »… Les agents ont critiqué cette modification profonde de la conception même de nos métiers, en démontrant le caractère primordial, aussi bien pour les usagers que pour les agents, de la proximité au quotidien entre l'accueil et la gestion. On chercherait à abîmer notre Administration pour mieux la dépecer qu'on ne s'y prendrait pas autrement… La Direction a rejeté tous les arguments techniques des agents. Toujours cet éternel dialogue de sourds entre les techniciens attachés au service public et les idéologues dogmatiques et politiques… « L'accueil de demain doit évoluer, il faut savoir se projeter dans l'avenir. » Toujours les mêmes éléments de langage creux.
Il resterait donc à Istres des agents qui assureront l'accueil. Un accueil pluridisciplinaire donc (fiscalités des particuliers, des entreprises, cadastrale, patrimoniale…), comme l'ancienne Directrice du Pôle Expertise et Service Aux Publics nous l'avait lancé cet été, déjà à Istres. Nous pensions à une plaisanterie venant d'une professionnelle de nos métiers, de leur technicité, de leur étendue… Et bien non. Par contre, aucun chiffrage sur le nombre d'agents assurant cette réception. Les groupes de travail décideront... La Direction a invité les agents à y participer mais ceux-ci ne sont pas dupes, ils ont pour certains participé aux groupes de travail dédiés à la fusion… Pour nous, l'accueil physique de l'usager par des agents de la DGFiP demeure la meilleure réponse à la demande populaire de service public au cœur des territoires. Nous défendons un accueil physique disponible, compétent, technicien, étoffé en effectif et de proximité. Plutôt que du service public low-cost (type Maisons France Service), nous militons pour le maintien de l'existant mais aussi le développement de notre maillage territorial via l'installation de nouveaux Centres des Finances Publiques sur le département, ce qui permettrait de désengorger les sites surchargés, d'offrir un service public plus proche aux citoyens et aux agents des débouchés supplémentaires de structures. Là aussi, Solidaires Finances Publiques 13 revendique depuis longtemps l'ouverture de véritables négociations au sujet de notre réseau, sur la base des données objectives chiffrées, disponibles via l'I.N.S.E.E. notamment. L'adaptation éventuelle de notre réseau nécessite une évaluation transparente et concertée, plus complexe et discutée que des gommettes jetées sur une carte.
Interrogée par les agents au sujet de la mobilité géographique, la Direction s'est lancée dans une démonstration assez hallucinante pour expliquer que personne ne serait obligé de partir.
Tout d'abord, d'ici 2023, neuf agents d'Istres devraient partir à la retraite, libérant ainsi des postes.
En outre, un certain nombre de postes devraient être transférés au S.I.E. de Marignane dans le cadre de l'absorption du S.I.E. Marseille 1/8. Or, la Direction estime que les agents aujourd'hui en poste à Marseille ne suivraient pas leur mission jusqu'à Marignane. Dans le même temps, les agents de Marignane demeureraient sur leur site en S.I.E. plutôt que de suivre leur S.I.P. transféré à Martigues, laissant ainsi disponibles des postes sur le S.I.P. de Martigues pour les Istréens qui souhaiteraient rester en S.I.P. (et ne pas user de leur priorité absolue pour suivre leur mission à Arles). Et comme « Istres n'est distant que de 20 kilomètres de Martigues » : tout va bien dans le meilleur des mondes. C.Q.F.D. !
Enfin, si après tout cela il resterait encore quelqu'un à « caser » sur Istres, la Direction a des idées... mais ne peut encore les dévoiler (travail à distance ?).
A l'instar de ce qu'ont obtenu les agents des S.I.E. de Borde, les collègues d'Istres ont demandé un engagement écrit à la Direction pour leur assurer que personne ne serait contrait à quitter le site. La Direction va y réfléchir. Difficile d'officialiser par écrit ces projections sur l'avenir complètement aléatoires (quelle vision la Direction a-t-elle des départs en retraite, surtout dans le contexte actuel sur le sujet, sur les quatre années à venir ? Idem pour les suppressions d'emploi ?).
Dans sa démonstration de transferts de postes, la Direction n'a pas fait de distinction entre les catégories A, B et C. Est-ce à dire que le cadre C en S.I.E. ou en S.I.P. devra demain exercer les mêmes tâches que le B ? Interpellé à ce sujet, le Directeur Régional a reconnu que l'organisation interne au service était pour lui la solution, ce qui illustre son mépris pour nos doctrines d'emplois et le respect de chaque corps.
Si leur mobilisation a permis de provoquer la confrontation de points de vue avec la Direction (personne ne saurait qualifier cette vision obtuse de « dialogue »), les agents d'Istres n'ont pas été convaincus. Comme les usagers et élus, ils demeurent inquiets et farouchement opposés au projet Darmanin – Fournel – Bonnet de « Nouveau Réseau de Proximité ». Nous continuons à exiger son abandon comme préalable à l'ouverture de véritables négociations.