Petit focus sur les conditions de travail des agent·es de la DGFiP,

Depuis plus d'une décennie, l'exercice des suppressions d'emplois est annuel à la DGFiP. Chaque année, la Direction Générale décline les emplois supprimés pour les directions qui la composent et rappelle qu'on ne doit surtout pas penser que seules les économies budgétaires en sont la cause, mais qu'on adapte les structures et le réseau aux évolutions de nos missions.

Bon, on adapte, on adapte mais à un moment ça devient trop serré.

Qu'à cela ne tienne, on ne peut plus rendre le même service aux publics, on ne peut plus apporter notre soutien et nos conseils aux collectivités, on ne peut plus réaliser l'ensemble de nos missions, ni mettre tous les moyens pour lutter contre la fraude fiscale, et bien on ne le fera plus !

Nos directeur·rices assument, les suppressions d'emplois sont décidées en haut lieu, il·elles n'y sont pour rien et il·elles ne feront, en aucun cas, remonter les appels au secours des agent·es, il·elles préfèrent répéter que ça ne sert à rien et que ce massacre est inévitable.

Année après année, on ferme les services, on transfère les missions, on déplace les agent·es, tout en affichant une évolution nécessaire sous couvert de plans divers et variés qui portent des noms inadaptés ou carrément inventés : démarche stratégique, géographie revisitée, nouveau réseau de proximité, quelle imagination !

Les agent·es ont grogné, trépigné, hurlé, manifesté, ne se sont pas résigné·es et ont gagné du temps, ont fait reculer des réformes, mais ont continué à travailler à grands coups de conscience professionnelle au détriment de leurs conditions de travail.

Nos dirigeant·es l'ont bien compris et recommandent aux encadrant·es d'être vigilant·es aux conditions de travail des agent·es malmené·es, il ne faudrait surtout pas qu'il·elles se lancent dans des mouvements de grande ampleur qui les contraindraient à reculer sur leurs réformes, et à ralentir les suppressions d'emplois.

Les conditions de travail parlons-en !

Les conditions de travail se définissent pas l'environnement matériel, cadre et organisation et l'environnement humain, collègues et hiérarchie.

Le cadre de travail c'est bien sûr bénéficier de tout l'équipement nécessaire pour exercer ses missions dans les meilleures conditions possible, mais pas seulement. C'est aussi travailler à proximité si on le souhaite, concilier vie familiale et vie professionnelle, pouvoir profiter du droit à la déconnexion, somme toute ne pas perdre sa vie à la gagner.

Notre administration bénéficiait de nombreuses structures, offrait différents métiers et les agent·es pouvaient, faire progresser leur carrière, jouir d'une mobilité fonctionnelle et géographique et pour tous ces événements rythmant leur carrière, il·elles pouvaient faire confiance à leurs représentant·es pour défendre leurs intérêts en CAP nationale ou locale.

Maintenant, le nombre de structures diminue et diminuera encore, la variété des métiers est en voie de régression et ces CAP n'existent plus que pour quelques éléments de gestion de leur vie d'agent·es. La départementalisation les oblige à demander un département entier s'il·elles souhaitent en changer, et les représentant·es du personnel doivent quelquefois hurler pour se faire entendre parce qu'il n'y a plus d'instances officielles.

Ne vous inquiétez pas les représentant·es de Solidaires Finances Publiques n'ont pas l'intention de se taire.

Pour l'organisation du travail, les CTL sont compétents et les élu·es jouent encore leur rôle de garde-fou quand les directeur·rices leur présentent de nouvelles organisations pour cadrer avec les plans démentiels de nos ministres.

Les CHSCT veillent au grain pour la sécurité et les conditions de travail des agent·es au quotidien, avec les moyens qui leurs sont alloués, alors bien souvent il faut faire des choix.

Ils existeront encore dans notre administration jusqu'en 2022, mais avec quel poids ?

Le 20 novembre 2020, en pleine période sanitaire inquiétante pour tous·tes, un décret vient préciser ce que la loi avait déjà organisé, la création du Comité Social d'Administration en remplacement des CTL et CHSCT. Une seule instance, moins de représentant·es du personnel pour porter les voix des agent·es et moins de temps à consacrer à l'organisation et aux conditions de travail.

Il y a de quoi se dire où est la logique dans tout ça ? Comment être attentif·ve aux conditions de travail quand on n'en n'a plus les moyens ?

Ne risque t'on pas de voir les agent·es moins enclins à supporter toutes les réorganisations qu'on leur impose si leurs conditions de travail se dégradent parce qu'il·elles ne peuvent plus voir évoluer leur carrière, qu'il·elles ne peuvent plus muter sans prendre de grands risques, qu'il·elles n'ont plus d'instance dédiée à leur sécurité et à leurs conditions de travail ?

Nos ministres ont choisi de ne plus mettre les moyens nécessaires à la préservation de vos conditions de travail tout en conseillant à nos encadrant·es d'y apporter une grande vigilance.

Ils ont choisi de prendre le risque de voir les agent·es refuser de se laisser anéantir et descendre dans la rue pour des mouvements de grande ampleur.

Pensez-y...Ne nous laissons plus faire !