Salut à toutes et tous !
Vous allez retrouver ici, et dans la série d'articles rendant compte de notre action, les résumés des avis votés en séance par vos représentants du personnel lors de la FS-SSCT du 02 mai 2024. Les documents complets doivent être publiés sur Ulysse ici :
http://dircofi33.intranet.dgfip/direction/dialogue_social/page_FS.htm
Actualités sur la programmation immobilière : de la transformation des espaces de travail traditionnels en « flex-offices » ou en espaces de « coworking » (Avis n°3b) :
Le chantier 12-2 du COM est ainsi décliné :
« La mise en place des nouveaux modes de travail (flex-office, coworking, etc.) s’intégrera dans un cadre cohérent avec la démarche d’écoresponsabilité. Un cadre actualisé du protocole télétravail sera proposé à l’issue d’une négociation collective, en déclinaison de l’accord-cadre ministériel de juillet 2022, prenant en compte les nouvelles modalités d’organisation du travail.
INDICATEUR : part des directions territoriales et DNS offrant au moins un espace de travail innovant (flex-office, coworking, espace dynamique de travail).
OBJECTIF : 100 % des directions dotées d’au moins un espace répondant à l’un de ces critères (« espaces de travail innovants ») avec un objectif de 200 espaces au total en 2027.
Dans ce cadre, les représentants du personnel ont eu connaissance de divers projets de transformation d’espaces de travail en mode « flex-office », ou en « coworking », ces nouvelles organisations des espaces de travail à la mode.
Le 29 février 2024 était ainsi inauguré un espace de « coworking » à Amiens :
Cette tendance, qu’on peut traduire en français par "bureau flexible" ou "bureau partagé", implique une totale réorganisation des open-spaces ou des bureaux existants. Elle s’est accentuée avec la généralisation du télétravail, à l’œuvre depuis la crise du COVID.
Le sens littéral du « coworking » est, quant à lui, le partage d'espaces de travail. Mais on ne partage pas que son bureau dans un coworking. On partage son quotidien, sa cuisine, ses expériences, ...
Des retours d’expérience des structures qui ont déjà mis en place ces nouveaux lieux de partage des espaces de travail, le « flex-office » a pour autant des impacts sur la motivation des agents et la qualité de vie au travail. En effet, il s’agit d’un mode d’organisation des espaces de travail dans lesquels plus aucun bureau n’est attitré à un agent. Il permet à l’employeur d’avoir moins de postes de travail, mais demande une certaine organisation.
Il peut par exemple être nécessaire de mettre à disposition des casiers pour ranger son matériel personnel en fin de journée. Cela exige aussi la création de plus d’espaces de réunions, de différentes tailles. Cela demande également de garantir un roulement entre les agents présents en même temps sur leur lieu de travail.
Ainsi, pour l’agent en « flex-office », sa journée commencera par trouver, dans les locaux, un espace de réunion ou un bureau individuel disponible pour y faire sa journée de travail.
Il faudra aussi que l’agent puisse disposer d’un matériel adapté, notamment un ordinateur portable, une connexion internet à chaque poste ou encore un téléphone portable. Cela demandera également des casiers de rangement pour y mettre des affaires personnelles nécessaires au travail de l’agent (papeterie, chargeurs, etc.) en laissant libres les espaces pour le lendemain.
Le « flex-office » nécessite aussi une nouvelle culture managériale et de partages entre les équipes qui peuvent ne pas toujours réussir à être les unes à côté des autres. Cela oblige par ailleurs à prévoir des espaces de bien-être dédiés.
Pour l’employeur qui souhaite mettre en place le « flex-office » ou un « coworking », la réglementation impose des règles supplémentaires. C'est en effet une modification de l’organisation du travail. Elle doit, de ce fait, faire l’objet d’une information-consultation du CSAL et de sa FS-SSCT pour avis.
Comme lors de la visite de la brigade de Limoge (voir le point sur ce sujet), des questions ont été posées à ce sujet, sans réponse définitive de la direction, de l’avis des élus, ces nouvelles formes d’organisation du travail établissent la nécessité de l’évaluation de risques professionnels nouveaux (en particulier à partir du guide DGFIP sur la prévention des RPS ).
Ainsi, à l’étude de ce qui a déjà été examiné dans les structures qui ont mis en place ces nouveaux lieux de partage des espaces de travail, les représentants du personnel demandent que les nouveaux risques psychosociaux suivants soient ajoutés au DUERP de la direction pour les agents qui seraient concernés par un « flex-office » ou un espace de « coworking » :
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Sous le facteur RPS « intensité du travail et temps de travail », « pression temporelle » : le travail en « flex-office » ou un espace de « coworking » exige une plus grande anticipation pour les agents, qui doivent fixer et réserver, suffisamment tôt, les différents espaces en fonction des tâches qu’ils vont y effectuer.
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Sous le facteur RPS « intensité du travail et temps de travail », « complexité du travail » : l’organisation des espaces de travail en « flex-office » ou un espace de « coworking » ajoute du stress, car l’agent devra pouvoir s’assurer de trouver la place idéale, ce qui peut ne pas être évident les jours d’affluence. Ce qui doit initialement augmenter la productivité peut ainsi créer au contraire de la pression et une véritable perte de temps et de motivation.
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Sous le facteur RPS « intensité du travail et temps de travail », « préparation insuffisante à tout projet de transformation des situations de travail » : les conditions de travail sur site qu’implique un « flex-office » (le bruit, des espaces impersonnels, le transport du matériel du bureau à la maison et inversement) sont des sources supplémentaires de tensions. Elles vont accentuer les risques psychosociaux déjà recensés et induits par le cadre même du travail.
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Sous le facteur RPS « mauvaise qualité des rapports sociaux au travail » : dans le cadre des relations interprofessionnelles, le « flex-office », ou un espace de « coworking », a des inconvénients, puisqu’il peut disperser les équipes et rendre plus complexe l’intégration des nouveaux arrivants.
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Sous le facteur RPS « insécurité de la situation au travail » : l’absence de personnalisation de son bureau et de place attitrée en « flex-office » ou un espace de « coworking » peut engendrer une forme de déshumanisation, ce qui peut aller jusqu’à l'impression d'un manque de considération de l’agent, et des questions sur son avenir professionnel. Cela peut donner l’impression d’être remplaçable.
En résumé, comme le souligne une chercheuse de la chaire de l’ESSEC sur le sujet des « flex-office », « sans place attitrée au bureau, on est perdu, surtout quand on travaille en partie chez soi. On retourne au travail pour retrouver un cadre, un espace structuré et structurant, dans lequel on peut se concentrer, pas forcément pour chercher une place et une prise tous les matins, dans un lieu bruyant, sans savoir à côté de qui l’on sera assis. »
Nous demandons donc à la direction ce qu’elle a prévu comme mesures de préventions des risques psychosociaux nouveaux ainsi générés en cas de mise en place de « flex-office » ou autres espaces de « coworking ».
En cas de mise en œuvre de projets de ce type, les élus demandent aussi unanimement à ce qu’un rapport soit présenté au préalable au CSAL et qu’une FS-SSCT soit convoquée sur tous les projets en cours ou à venir de ce type.
Pour compléter cet article, on pourra utilement lire ce tract très explicite de la section Solidaires Finances Publiques des directeurs de la DGFIP : https://sections.solidairesfinancespubliques.info/990/122-flex-office-flex-desk-encadrantes-et-encadrants-attention-danger.html